Cette info nous arrive via l’observatoire de l’intolérance à l’égard des chrétiens, fondé par l’Autrichienne Gudrun Kugler : une présentatrice de télévision croate, Karolina Vidović-Krišto a été suspendue de ses fonctions pour avoir et présenté une émission critiquant le programme d’« éducation sexuelle » mis en place par le gouvernement de gauche de son pays.
L’émission « Slika Hrvatske », destinée aux Croates de l’étranger et très suivie par ceux-ci, a été diffusée le 29 décembre dernier, à un moment où le sujet fait l’objet de larges débats. Karolina Vidović-Krišto y a donné la parole à ceux qui mettent en avant les points négatifs du projet gouvernemental.
Dès le lendemain, la télévision publique HRT/HTV a présenté des excuses publiques en assurant que les opinions exprimées au cours de l’émission n’étaient pas les siennes : « En raison de violations graves des règles professionnelles et d’un abus de sa position, HRT prendra des mesures fortes » à l’égard de la présentatrice.
De fait l’émission de Karolina Vidović-Krišto a été suspendue et elle n’exerce plus ses fonctions de rédacteur en chef auprès de HRT/HTV.
Une association croate, « Incubateur d’innovation civique », a écrit à Reporters sans Frontières pour se plaindre de cette sanction idéologique, en soulignant que « le programme était bien documents, produit de manière professionnelle et d’un intérêt significatif pour les citoyens de Croatie ». La même lettre évoque un sondage en ligne demandant aux participants qu’ils avaient été « choqués » par la manière dont l’émission avait présenté l’« éducation sexuelle » qui s’imposera aux écoles croates. 84 % des sondés ont choisi la réponse : « Finalement, ce qui a été dit était vrai. »
On peut voir l’émission ici.
La visée évidemment antichrétienne des sanctions qui frappent une journaliste pour avoir fait son métier se comprend à partir du contexte de l’émission. Celle-ci est intervenue au moment où une forte tension s’est révélée entre l’Eglise catholique au gouvernement croate à propos de ces trois heures annuelles d’« éducation sexuelle obligatoire » (ça ne vous rappelle rien ?) dont l’objectif sera d’enseigner la sexualité, l’égalité de genre et les « bons comportements » dans ces domaines. L’Eglise, par la voix de l’évêque auxiliaire de Zagreb, Mgr Valentin Pozaić, a invité les catholiques à s’élever contre le projet, rappelant (selon le site http://balcanicaucaso.org) :
« Les nazis ont acquis le pouvoir par le biais d’élections démocratiques, puis ils ont abusé de la légitimité de leur mandat pour imposer une dictature : vous savez comment cela s’est terminé. Avons-nous encore besoin d’avertir des similitudes avec les communistes contemporains en Croatie ? »
L’Eglise, selon cet article, est opposée au programme d’éducation sexuelle dans la mesure où celui-ci fait la promotion de « l’idéologie de l’homosexualité et de l’éroticisme », évacuant la notion de péché et prêchant la contraception. L’archevêque de Zagreb, le cardinal Josip Bozanić, a déclaré qu’une partie du modèle proposé à travers le programme « détruit l’homme », ajoutant que la mise en place de l’éducation sexuelle ne respecte pas le processus démocratique et méconnaît le droit des parents de décider si et comment leurs enfants doivent recevoir cet enseignement à l’école.
L’Eglise appelle les parents à boycotter les cours d’éducation sexuelle, le ministre de l’Education a répliqué qu’en ce cas leurs enfants seraient considérés en absence injustifiée.
L’article de balcanicaucaso.org continue en s’indignant de l’action de catholiques qui soutiennent « l’excommunication des femmes qui avortent », qui proposent les témoignages de personnes « guéries » de l’homosexualité, ou qui ont obtenu du maire de Zagreb qu’il fasse retirer les affiches d’une pièce de théâtre sur le thème des lesbiennes montrant deux statues de la Vierge s’embrassant : « une image qui paraît-il a grandement incommodé les fidèles ». Ceux-ci sont ensuite comparés avec les musulmans réagissant aux caricatures de Mahomet, et l’auteur se demande si la Croatie ne va pas être le théâtre d’autodafés et de chasses aux sorcières. Le ministre de la Culture croate a défendu ce genre d’affiches en disant qu’elles sont « très nécessaires pour nous enseigner le respect de ceux qui, du point de vue de la majorité, sont différents ».
On découvre à la fin de l’article le logo de la communauté européenne assurant que « cette publication a été produite avec l’aide de l’Union européenne » dans le cadre du projet « Tell Europe to Europe » (racontez l’Europe à l’Europe) qui entend porter le message européen dans les médias, sur le net, dans les cinémas, les écoles et les lieux publics. « Pour répondre à la crise avec une nouvelle force et une nouvelle idéalité (sic) ». On a beau apprendre que l’article est de la seule responsabilité de Osservatorio Balvani e Caucaso, et ne peut être invoqué comme reflétant l’avis de l’Union européenne, celle-ci ne peut rejeter toute responsabilité par rapport à des propos qu’elle aide à diffuser.
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