L’image qu’ils brandissaient le mois dernier auprès d’un avortoir à Brighton (Angleterre) leur a valu une garde à vue de 15 heures : Andy Stephenson et Kathryn Sloane s’étaient permis de brandir une bannière de 2 m de large montrant la photo d’un fœtus avorté à 8 semaines, soit bien en deça de la limite légale au Royaume-Uni (24 semaines) et même en France (12 semaines de gestation). Image terriblement dure…
Tellement insoutenable que les responsables du British Pregnancy Advisory Service, organisme public qui procure des avortements aux frais des contribuables, a appelé la police, affirmant que leurs patientes étaient « traumatisées et mal à l’aise » à la vue de cette image. Les deux militants pro-vie, dont l’action se limite à tenir l’image à la vue du public, silencieusement, ont été sommés de remballer leur « visuel », ce qu’ils ont fait – remplaçant immédiatement celui-ci par une photo d’un fœtus avorté à dix semaines. Ils ont alors été embarqués au poste et placés en cellule pour n’être interrogés que vers minuit et relâchés encore trois heures plus tard.
Ils devraient prochainement apprendre s’ils feront l’objet de poursuites pour avoir « harassé, alarmé ou causé de la détresse » aux termes de la loi sur l’ordre public, chose que ces deux chrétiens convaincus récusent absolument puisqu’ils estiment n’avoir transgressé aucune loi.
Quoi que l’on puisse penser par ailleurs de leur choix militant de montrer des photos de l’avortement, cette affaire est très révélatrice. Elle montre que les fournisseurs d’avortement ne veulent pas que la réalité de cet acte soit montrée à leurs patientes : pour ne pas les « traumatiser », disent-ils. Mais alors, c’est que l’avortement n’est pas la chose anodine qu’on voudrait leur faire croire, si la simple vue du produit d’un avortement est de nature soit à dissuader la femme d’avorter, soit de lui donner des regrets, voire de la mettre dans un réel état de détresse si elle l’a déjà fait !
Je suis pour ma part partagée sur le fait de montrer ces images, en tout cas lorsqu’elles sont particulièrement reconnaissables et violentes, non parce que je ne crois pas à l’efficacité de la démarche, mais parce qu’il y a des enfants innocents qui pourraient les voir et, apprenant de quelle manière des mamans font traiter leurs bébés, perdre leur confiance et être gravement troublés.
Mais il faut bien reconnaître qu’en notre époque qui réagit bien plus à l’image qu’à la parole (et ce n’est pas un progrès !), et qui marche bien plus au sentiment et à la réactivité émotionnelle qu’au raisonnement, c’est peut-être le seul moyen de faire changer l’opinion publique, en tout cas chez le plus grand nombre. Les Priests for Life du P. Pavone aux Etats-Unis le disent depuis longtemps : L’Amérique ne rejettera pas l’avortement tant qu’elle n’aura pas vu l’avortement. Sur leur site, vous trouverez au premier niveau des images ultrason d’un tout petit de 6 semaines, et derrière un lien, des photos de fœtus avortés à tous les stades de la grossesse. Choquant ? Oui. Mais 7 millions de victimes plus tard en France, et 7 millions au Royaume-Uni, et encore plus aux Etats-Unis depuis la légalisation de l’avortement, a-t-on le droit de faire comme si de rien n’était ?
Les deux militants britanniques qui risquent désormais un procès ont fait le choix de choquer de manière encore plus directe. S’ils avaient fait l’équivalent il y a quelque 70 ans en Allemagne pour montrer des images des gens torturés et mis à mort dans les camps, nul doute qu’ils eussent été aussi incarcérés – avec moins de ménagements qu’au pays de l’habeas corpus. Mais on les traiterait en héros aujourd’hui…
Leur organisation, Abort ’67, a mis en ligne des films de procédures d’avortement. Attention, ils vous sautent à la figure dès quelques secondes après l’ouverture du site (ici). Elles sont totalement insoutenables.
Comment est-il possible en tant que médecin de pratiquer de tels actes et de ne pas en cauchemarder toutes les nuits ?
Bravo pour votre courage! Que ces images terribles fassent réfléchir les jeunes qui se lancent un peu trop rapidement dans l'acte de procréation, sans en mesurer les conséquences…