Mgr Jaeger, évêque d’Arras, déclare à La Voix du Nord :
“«Non, nous ignorions tout des intentions du pape de démissionner et de l’annoncer ce matin. Mais pour tout vous dire, c’est un événement qui nous a surpris sans nous surprendre. Le pape avait indiqué dans son dernier livre que s’il ne se sentait plus la force physique et s’il estimait ne plus disposer de la capacité de réaction nécessaire à l’exercice de son pontificat, il saurait se retirer. C’est ce qu’il a le courage de faire aujourd’hui, et il faut lui reconnaître ce courage. Mais même si nous pouvions nous y attendre, cela reste un événement. Car la démission d’un pape, ça ne s’était plus produit depuis le XVe siècle, et ça ouvre une brèche pour tous les autres papes qui succèderont à Benoît XVI, qui pourront plus facilement eux aussi choisir de renoncer s’ils ne se sentent pas la capacité de poursuivre leur mission.»
On dit qu’il y avait quelques signes annonciateurs de cette démission…
«C’est vrai que nous avons été plusieurs à nous interroger sur le fait que le pape procèdent par deux fois dans une même année à la désignation de cardinaux. Il avait il y peu de temps aussi nommé évêque son secrétaire particulier. Cela nous faisait dire qu’il mettait les choses en ordre… Mais je peux vous assurer qu’aucun des évêques réunis ce matin autour du cardinal Vingt-Trois, à Paris, n’était au courant. Y compris le cardinal.»
Benoît XVI tirera sa révérence le 28 février prochain, mais on peut déjà évoquer son bilan. Quelle image garderez-vous de son pontificat?
«Je garderais le souvenir d’une très très grande personnalité. D’un homme humble et discret, doté d’une grande profondeur, d’une grande culture. Il aura eu le courage d’affronter de grandes questions, comme prendre position sur la pédophilie à l’intérieur de l’Eglise ou les rapports avec les intégristes. Il a eu à s’exprimer, à faire des choix, et je trouve que son courage sur ces problématiques difficiles n’a pas toujours été payé en retour.»