La Chambre des communes a voté par 400 contre 175 la légalisation du « mariage » des couples de même sexe en cette fin d’après-midi, mais la « victoire » de David Cameron n’est due qu’au concours des travaillistes et des libéraux.
Sur les 303 membres du Parlement conservateurs seuls 130 ont voté le texte, 139 ont voté contre et 30 se sont abstenus. Parmi ceux qui ont voté contre, plusieurs ministres : celui de l’Ecologie, le responsable du Pays de Galles, celui chargé de l’Europe et des responsables des ministères de la Défense et de la Justice. Pourtant Cameron avait lancé un appel passionné pour obtenir le soutien de son camp.
Derrière la victoire idéologique obtenue grâce à la gauche et saluée par Nick Clegg, leader des libéraux-démocrates et Ed Miliband, chef de file des travaillistes, c’est une vraie défaite pour le Premier ministre qui est en quelque sorte mis en minorité au sein de son propre parti et jusque par des membres de son gouvernement.
Son camp l’accuse avec raison d’avoir causé une grave division parmi les siens.
Comme en France, c’est la rhétorique de l’égalité qui a été mise en avant, notamment par des parlementaires ouvertement homosexuels. David Cameron a même affirmé « croire fortement au mariage » qui « aide les gens à s’engager les uns envers les autres ». « Je crois qu’il est bon que les personnes gays puissent se marier aussi. Cela concerne, oui, l’égalité. Mais il s’agit aussi de rendre notre société plus forte. »
Mais en attendant ce sont les perdants des dernières élections qui ont eu une voix déterminante pour faire adopter le « mariage » gay, tandis que les opposants ont été sujets aux menaces et autres manœuvres, comme le vote obligatoire sur certaines parties du texte, pour faciliter son passage. Des conservateurs ont expliqué qu’ils avaient souffert de « discriminations » pour avoir osé exprimer leur opposition et l’un affirme avoir reçu des menaces de mort ; un autre a été qualifié de « nazi » pour la même raison.
Dans un pays où l’on peut choisir entre le mariage religieux et le mariage civil, l’Eglise anglicane est explicitement écartée des célébrations des unions homosexuelles mais de l’avis de Tony Baldry, l’élu conservateur chargé des questions religieuses aux Communes, la Cour européenne des droits de l’homme, une fois saisie, pourrait la contraindre à les célébrer.
Le quart des évêques et des prêtres catholiques ont pour leur part co-signé une lettre au Daily Telegraph indiquant qu’ils craignent d’être victimes de persécutions au sujet du « mariage » gay.
Le texte doit encore franchir plusieurs étapes devant les Communes puis passer devant la Chambre des Lords.
Il ne concerne pas la filiation ni l’adoption, déjà ouvertes aux couples de même sexe liés par un partenariat civil.
Sur son blog, John Smeaton, directeur de la plus importante organisation pro-vie britannique, SPUC, observait aujourd’hui, reprenant les propos de Jean-Paul II un an après l’attentat qui avait failli lui coûter la vie : « Dans les desseins de la Providence il n’y a pas de simples coïncidences. » Et remarque qu’en cette fête de sainte Agathe, l’Evangile du jour contenait un évident avertissement aux élus britanniques : c’est celui des Pharisiens mettant Jésus à l’épreuve, et celui-ci répond : « N’avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, fit l’homme et la femme, et qu’il dit : à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. »
Et il faudrait sans doute ajouter, a contrario, que l’homme n’unisse pas ce que Dieu a séparé : qu’il ne considère pas l’homme comme une femme ni la femme comme un homme !
Il s’agit, soit dit en passant, de l’ancien Ordo…
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