La prochaine visite apostolique du pape Benoît XVI aux États-Unis a suggéré à la United States Conference of Catholic Bishops
(USCCB, Conférence des évêques des États-Unis) de proposer sur son site une “photographie” du catholicisme aux États-Unis. Il s’agit bien d’une “photographie”, c’est-à-dire d’un
état fixe de la situation et donc non envisageable dans son dynamisme [on lira, à ce sujet, avec profit l’article de Russell Shaw « Please Look Behind the Bishop’s Potemkine
Village » (Veuillez regarder derrière le village Potemkine des évêques) paru sur le site internet de The International World Report d’Ignatius Press : www.ignatius.com/Magazines/CWR/shaw_feb08.htm]. Le chapitre consacré aux « Native Americain Catholics in the United States »
est particulièrement intéressant. Il renvoie, notamment, à la National Tekakwitha Conference que nous avons évoquée dans notre avant-dernier article. Mais il tente aussi
d’esquisser l’histoire du catholicisme et des Amérindiens dans ce qui allait devenir les États-Unis d’Amérique. Le paragraphe mérite d’être traduit intégralement : « La diffusion du
catholicisme auprès du peuple indigène dans tous les États-Unis ressemble, à bien des égards, à la constitution du pays lui-même. À ses tous débuts, les missionnaires français et espagnols, qui
arrivèrent dans ce nouveau monde découvert par les Européens, étaient comme des prolongements des pouvoirs coloniaux. Dans bien des cas, l’approche était de contraindre les indigènes à accepter
la foi comme intrinsèque au processus d’asservissement. Dans d’autres cas, qui furent plus fréquents avec les Français [je souligne], c’est une approche plus volontaire
de la conversion qui fut prise ». Cette citation – qui aurait mérité bien des développements – souligne assez bien la nature essentiellement différente des deux formes d’évangélisation, la
française et l’espagnole – pour ne rien dire de l’anglaise…
La “photographie” offre quelques données statistiques d’intérêt sur les catholicisme et les Amérindiens. Ces derniers représentent 2,5 millions d’habitants aux États-Unis, mais il n’y en a que
680 000 à être catholiques, soit un peu plus du quart (statistiques publiées en 2002). On ne compte que deux évêques améridiens : Mgr Charles Chaput, archevêque de Denver
(Colorado) et Mgr Donald Pelote, évêque de Gallup (Nouveau Mexique), actuellement en arrêt maladie. On notera que ces deux évêques amérindiens portent des patronymes français…
Les prêtres indiens ne sont que 27, les séminaristes 8 et les diacres permanents 74. 34 Indiennes sont religieuses (notamment la sœur Kateri Mitchell dont j’ai parlé dans mon
antépénultième article).
(USCCB, Conférence des évêques des États-Unis) de proposer sur son site une “photographie” du catholicisme aux États-Unis. Il s’agit bien d’une “photographie”, c’est-à-dire d’un
état fixe de la situation et donc non envisageable dans son dynamisme [on lira, à ce sujet, avec profit l’article de Russell Shaw « Please Look Behind the Bishop’s Potemkine
Village » (Veuillez regarder derrière le village Potemkine des évêques) paru sur le site internet de The International World Report d’Ignatius Press : www.ignatius.com/Magazines/CWR/shaw_feb08.htm]. Le chapitre consacré aux « Native Americain Catholics in the United States »
est particulièrement intéressant. Il renvoie, notamment, à la National Tekakwitha Conference que nous avons évoquée dans notre avant-dernier article. Mais il tente aussi
d’esquisser l’histoire du catholicisme et des Amérindiens dans ce qui allait devenir les États-Unis d’Amérique. Le paragraphe mérite d’être traduit intégralement : « La diffusion du
catholicisme auprès du peuple indigène dans tous les États-Unis ressemble, à bien des égards, à la constitution du pays lui-même. À ses tous débuts, les missionnaires français et espagnols, qui
arrivèrent dans ce nouveau monde découvert par les Européens, étaient comme des prolongements des pouvoirs coloniaux. Dans bien des cas, l’approche était de contraindre les indigènes à accepter
la foi comme intrinsèque au processus d’asservissement. Dans d’autres cas, qui furent plus fréquents avec les Français [je souligne], c’est une approche plus volontaire
de la conversion qui fut prise ». Cette citation – qui aurait mérité bien des développements – souligne assez bien la nature essentiellement différente des deux formes d’évangélisation, la
française et l’espagnole – pour ne rien dire de l’anglaise…
La “photographie” offre quelques données statistiques d’intérêt sur les catholicisme et les Amérindiens. Ces derniers représentent 2,5 millions d’habitants aux États-Unis, mais il n’y en a que
680 000 à être catholiques, soit un peu plus du quart (statistiques publiées en 2002). On ne compte que deux évêques améridiens : Mgr Charles Chaput, archevêque de Denver
(Colorado) et Mgr Donald Pelote, évêque de Gallup (Nouveau Mexique), actuellement en arrêt maladie. On notera que ces deux évêques amérindiens portent des patronymes français…
Les prêtres indiens ne sont que 27, les séminaristes 8 et les diacres permanents 74. 34 Indiennes sont religieuses (notamment la sœur Kateri Mitchell dont j’ai parlé dans mon
antépénultième article).
Bonjour,
Un article en effet intéressant qui ne fait que souligner en passant – ce qui est déjà un début – la spécificité de l’évangélisation ” à la Française ” des terres d’Amérique, si différente premièrement de leurs soeurs espagnole et portugaise et deuxièmement de ce qu’un certain public, bien trop influencé par l’anticléricalisme ambiant, imagine de l’évangélisation. La France envoya en effet les meilleurs de ces prêtres mais aussi les plus doux et pendant tout le tps que dura la souveraineté française en Nouvelle-France (Canada de l’Est et du Centre, région des Grands-Lacs et du sud de ceux-ci), ce furent de véritables saints qui firent connaître le Christ et entretinrent la flamme du martyr auprès des Amérindiens. Il y aurait des livres à écrire sur le sujet, et bien des biographies sur tel ou tel. Hélas, l’anticléricalisme virulent qui sévit actuellement au Québec interdit que l’on puisse envisager l’Histoire, pourtant la seule véritable, sous cet angle, celui du don de soi et du partage réciproque. On préfère savamment confondre la situation de la Nouvelle-France avec celle du Québec du XIXe s. ou de la première moitié du XXe s. Ou encore les scandales des réserves – instrument de colonisation typiquement britanique – de la même période qui visaient à faire disparaître les Premières Nations. Le politiquement-correct, ici comme en de nombreux autres endroits, joue à plein.
Mgr Chaput http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Chaput n’est pas amérindien, bien qu’inscrit au registre des Potawatomi, une tribu originaire de l’actuel Michigan http://en.wikipedia.org/wiki/Potawatomi. C’est un métis, issu des Premières Nations et des Canadiens-Français qui s’enrolaient au printemps auprès des Compagnies de traite de fourrure. Bien souvent, ces coureurs des bois, qui traversaient le continent de part et d’autre en une ou deux saisons, prenaient femmes ds les tribus. Encore une spécificité française, encouragée par l’Eglise de surcroît qui voyait ds le mariage la possibilité de la réalisation d’ ” un seul peuple “, selon le mot de Colbert. Souvent aussi les enfants, si ce n’est l’épouse, étaient élevés un temps à Montréal (pendant la période française) ou à Trois-Rivières plus tard. Il est à noter que LA PLUPART des registres de catholicité ont été conservé, même les plus anciens, pour toutes les parties de l’Amérique catholique, de l’Acadie aux Grands-Lacs en passant par le Pays des Illinois, comme on appelait cette mésopotamie américaine alors jusqu’à la côte nord du Québec actuel et autres Pays d’En Haut. Ces registres des Forts Français en Amérique sont même parfois publier à l’usage des historiens, généalogistes ou curieux. Ce qui fait que, les coureurs des bois faisant baptiser leurs enfants etg se mariant ( même après plus années de retard, c’est ce que l’on appelait le mariage ” à la mode du pays ” ) on peut aujourd’hui, si l’on a des racines amérindiennes, faire sa généalogie à peu près comme en France et arriver à peu près aux mêmes dates : on peut ainsi remonter au moins au début du XVIIIe s., voir plus parfois.
Les enfants métis possédaient au moins deux cultures, l’Amérindienne et la Française et plus tard maîtrisèrent très bien aussi l’Anglais. Une acculturation réciproque s’est ainsi réalisée au coeur du continent, selon le souhait d’ailleurs des jésuites du XVIIIe s.
Au XIXe s., les Français ayant remis la Nouvelle-France à la couronne d’Angleterre, furent contraints de laisser les Amérindiens au triste sort qui leur fut fait depuis, d’abord le vol récurrent tout au long du XIXe s. de leur terre, les forçant à s’éloigner de plus en plus du coeur du continent vers le sud aride et l’ouest non moins désertique, puis la tentative d’extermination pure et simple. Seuls les Canadiens-Français, puisqu’on les appelaient alors comme cela, réussirent à maintenir la double voir triple culture. Ce qui explique aujourd’hui qu’UN TRES GRAND NOMBRE D’AMERINDIENS ENREGISTRES ( donc ” amérindiens officiels ” ) portent encore aujourd’hui des patronymes français. Plus encore, nombreux étaient encore récemment les Amérindiens qui, outre leur langue native ne connaissaient que… le Français ! Par exemple Leonard Peltier, l’activiste amérindien bien connu est, comme son nom l’indique, un métis franco-amérindien, un Chippewa du Nord-Dakota (Turtle Mountain Band http://www.tmbci.net/) originaire des Grands-Lacs, fut élevé par ses grands-parents. Sa grand-mère parlait français mais ne connaissait pas l’Anglais. C’est aussi le cas des indiens Houmas de Louisiane http://en.wikipedia.org/wiki/Houma_Tribe.
Je m’égare mais la Franco-Amérindianie est si passionnante !
L’autre partie du patrimoine de Mgr Chaput est française. Plus exactement issue d’une Haut-Saonnois arrivé en Nouvelle-France au XVIIe s. J’ai trouvé aussi un Stanislas Chaput, coureur des bois à la Prairie du Chien en 1790. Son ancêtre direct ? Il est à noter que deux de ses tantes étaient religieuses.
Mgr Donald Pelotte http://en.wikipedia.org/wiki/Donald_Edmond_Pelotte est ds le même cas que Mgr Chaput. C’est un métis issu de la nation Abenaki http://en.wikipedia.org/wiki/Abenaki, dont l’origine géographique est l’Ancienne Acadie ( les Provinces Maritimes actuelles du Canada ) l’est du Québec et le Maine, en Nouvelle-Angleterre, dont on oublie trop facilement qu’il était français. Je ne sais rien de son côté Pelotte ( sans doute un patronyme issu d’une déformation ou d’un surnom ) mais du côté de sa mère est il très certainement descendant du soldat Jean Nault dit Labrie, né à Brie-sous-Matha en Charente-Maritime. Il est à noter qu’il a lui-même consacré son frère jumeau à la prêtrise.
Je ne saurai que vous inciter à visiter l’excellent site saintongeais Histoire Passion qui consacre un article au projet de restauration de l’église de Brie auquel est associé de nombreux descendants Nault d’Amérique du Nord. http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article66 Savent-ils qu’ils cousinent avec des Amérindiens et un évêque ?
Pour tout ce qui concerne les premiers arrivants en Nouvelle-France et la franco-amérindianie, vous pouvez aussi consulter le groupe dont je suis modérateur, Mario Dumont, spécialiste de l’Acadie ancienne en étant le fondateur, évidemment
gratuit et ouvert à tous http://fr.groups.yahoo.com/group/HistoirePremieresNations/
Merci encore pour votre article qui nous permet de survolé, au combien trop rapidement, ces instants d’histoire qui, autour de la Croix, furent des instants d’échange, de partage et de foi.
Yvan Matagon