Quarante ans après la légalisation de l’avortement aux Etats-Unis par les arrêts Roe versus Wade, qui posa le principe de l’autorisation au nom du respect de la vie privée et de protection de la santé, et Doe versus Bolton qui élargit la notion de santé, seuls quatre médecins pratiquent encore aujourd’hui les avortements tardifs dans le pays où de nombreux Etats les ont bannis. Leur « travail » a été salué par un documentaire au festival de cinéma indépendant de Sundance. Il montre notamment des images de bébés malformés éliminés par ces opérations eugéniques.
After Tiller (« Après Tiller ») dresse les portraits des quatre « irréductibles » qui continuent à pratiquer les IVG pendant les 3 derniers mois de grossesse – mais pas seulement sur des bébés présentant des malformations, loin s’en faut – après l’assassinat de George Tiller, pionnier des « IVG » sur des bébés viables, abattu en 2009 par un désaxé. Outre les menaces de mort, « il y a des barrières institutionnelles », déclare à l’AFP le Dr Susan Robinson, peu après la présentation du film à Park City, Utah, où le festival se tient jusqu’au 27 janvier.
C’est « une profession très stigmatisée. Les autres docteurs vous regardent de haut et vous considèrent comme des moins que rien », dit-elle. Susan Robinson travaillait avec le Dr Tiller et s’est installée à Albuquerque (Nouveau-Mexique) après sa mort, avec une autre collègue, le Dr Shelley Sella. Les médecins LeRoy Carhart et Warren Hern complètent le quatuor. Le premier exerce aujourd’hui dans le Maryland, après avoir été chassé du Nebraska et de l’Iowa, et le second a sa clinique dans le Colorado. Tous deux, comme le Dr Robinson, auraient l’âge de prendre leur retraite, mais aucun ne l’envisage.
Le Dr Robinson estime faire un travail de « compassion » qu’elle exerce en s’en remettant le plus souvent au jugement des femmes elles-mêmes. « Si une femme vient me voir, et particulièrement si elle a fait le chemin depuis le Canada, la Californie, la Louisiane ou la France, c’est parce qu’elle ressent vraiment le besoin d’avorter. Elle ne vient pas parce qu’elle a vu la clinique sur le chemin du supermarché. Je ne suis pas en position de juger mieux qu’elles. Car elles connaissent leur vie mieux que moi », assure-t-elle.
Le Dr Robinson et sa collègue forment actuellement aux IVG tardives une femme de 35 ans, seule pour l’instant à vouloir prendre la relève de ses aînés. « Nous sommes ravies. Nous en formerions d’autres avec plaisir », dit-elle. Mais personne n’est candidat. « Ce n’est pas parce que les docteurs ne savent comment réaliser ces avortements. C’est juste qu’ils ont peur. » Robinson n’envisage même pas que ce soit l’horreur devant la mise à mort d’un bébé viable qui les arrête…
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