Le jésuite François Euvé devient rédacteur en chef de la revue Études , succédant au P. Pierre de Charentenay (que j’avais cité il y a quelques temps). Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Cachan, agrégé de physique (1976), docteur en théologie (Centre Sèvres, 2000), le père François Euvé est entré en 1983 chez les jésuites après un troisième cycle en physique des plasmas (Paris XI) et quelques années d’enseignement de la physique en lycée.
Il a été ordonné prêtre en 1989. Entre 1992 et 1995, il enseigna la théologie à l’Institut Saint-Thomas de Moscou. Depuis 1997, il enseigne la théologie au Centre Sèvres.
Auteur de plusieurs ouvrages sur Darwin (Darwin et le christianisme. Vrais et faux débats) et sur la création, il avait été interrogé sur les rapports entre la foi et la science :
“Le débat sur l’embryon est important parce que cela met en cause la définition de l’homme. Or les travaux des scientifiques, biologistes, paléontologues, depuis un siècle, mettent en cause précisément la “définition” de l’homme. Qu’est-ce qui distingue l’homme de l’animal ? Peut-on avoir une définition objective, non équivoque de l’homme par rapport à l’animal, ou dans le cas de l’embryon, comment passe-t-on d’un paquet de cellule à une personne humaine ? Ce passage est apparemment continu. Où situer le seuil ? La science n’a pas le dernier mot là-dessus, mais on ne peut pas ignorer ce qu’elle dit. S’il nous revient de nous prononcer sur ce qu’est la personne humaine, il faut prendre en compte ce que disent les sciences. Voilà un exemple typique de dossier brûlant. Le clonage entre aussi dans les questions de bioéthique et dans les problèmes de définition de la personne humaine. A vrai dire, ce sont plutôt des débats avec les sciences humaines et la psychologie qu’avec la biologie. Dans ce dernier champ, je relève une question intéressante : la tendance parmi certains biologistes, à définir l’organisme par ces gènes. C’est un nouveau matérialisme. Mais je relève aussi la réaction d’autres biologistes non moins compétents, comme Henri Atlan, qui disent que la personne ne peut pas se définir seulement par ses gènes. Deux individus ayant le même patrimoine génétique (c’est le cas des vrais jumeaux) sont deux personnes différentes. Le clonage n’est pas une reproduction à l'”identique” puisque les deux personnes seront différentes ; c’est plutôt le problème d’un individu engendré à partir d’un seul individu. Cela soulève d’autres questions, sur lesquelles la psychologie a des choses à dire.
Il existe aussi des dossiers importants qui affectent moins la personne humaine comme telle : l’origine et le commencement de l’univers ; la question du déterminisme, qui affecte l’affirmation de la liberté (abordée plutôt par les biologistes que par les physiciens, mais la frontière est de plus en plus difficile à repérer).
Ben alors ! Il veut demander à la “science” (il veut sans doute dire “science expérimentale”) ce qu’est un homme, c’est un vrai paralogisme. L’homme ne se compte pas, ne se pèse pas, il se définit : animal raisonnable. Avec ce prêtre, on passe d’un ordre de connaissance à un autre. D’ailleurs avec le paralogisme de la “limite”, on est sûr de nier la validité de toute connaissance, donc de la valeur de la vérité. Tout est question de limites finalement, mais les limites se déplacent au gré de la volonté du locuteur.
Nous avons un jésuite relativiste, ne croyant pas à la vérité d’aucun discours. Il a dû faire son scolastica dans une loge maçonnique. Le petit problème, c’est que si tout est relatif et que tout est dans tout et réciproquement aucun discours n’a d’intérêt, y compris le sien.
Une chose troublante : l’évolution.
Le livre de Henri Bergson (Evolution Créatrice) répond bien en faisant intervenir, par le titre le caractère “Non-hasardeux”.
Comment imaginer une cellule vivante conçue par le hasard (pour la démonstration n’insistons pas) a réussi à engendrer au bout de 1 milliard d’années 10 millions d’espèces, sachant que le passage d’une espèce à une espèce plus évoluée (plus adaptée au milieu) requiers une transformation profitable. Seule une religion (du Hasard) peut défendre cette thèse.
Reprenons le titre du livre de Bergson, pour défendre la thèse du Dessein Intelligent; seule hypothèse satisfaisant la Raison.