La Cour interaméricaine des droits de l’homme a décidé le 28 novembre, dans un arrêt rendu public il y a une semaine, de condamner le Costa Rica pour son interdiction générale de la fécondation in vitro, interdiction fondée sur le respect de la vie affirmé par la constitution costaricaine, et l’a enjoint de lever au plus tôt l’interdit afin que les personnes désirant avoir recours à cette technique de reproduction puissent y avoir recours sans rencontrer d’empêchement.
Le même arrêt oblige le Costa Rica à prendre les mesures nécessaires pour encadrer la pratique et en vérifier l’exécution selon des normes de qualité à préciser, et impose dans le même temps l’intégration de ce moyen de traitement de l’infertilité dans les programmes de sécurité sociale afin de mettre un terme à la « discrimination » causée par l’interdit.
L’arrêt fleuve, dont on trouvera ici un « résumé » officiel de 14 pages, s’attarde en effet longuement sur le droit comparé, la « discrimination de genre » dont souffrent les femmes qui sont les premières « victimes » de l’interdit puisqu’il s’agit par la FIV de venir au secours de leur infertilité, et la « discrimination indirecte relative à la situation économique » puisque les femmes riches peuvent se rendre à l’étranger pour obtenir une procréation médicalement assistée.
Le statut de l’embryon fait l’objet de longs développements où la qualité d’être humain de l’enfant à naître est nié jusqu’à la naissance.
Tous les évêques du Costa Rica ont co-signé un document dénonçant le jugement de la Cour interaméricaine, faisant preuve d’un rare courage politique et moral… On ne connaît pas beaucoup d’exemples, en effet, d’évêques catholiques qui osent prendre clairement et publiquement position contre les techniques de procréation assistée qui ne respectent pas l’intégrité de l’acte conjugal, seul lieu digne de la conception d’une nouvelle vie humaine.
Voici ma traduction de leur déclaration.
En tant que pasteurs du Peuple de Dieu, chargés du grave devoir de donner un jugement moral lorsque cela est nécessaire pour sauvegarder les droits fondamentaux de la personne humaine ou pour sauver les âmes, nous voulons exprimer en direction des fidèles catholiques et de toutes les personnes de bonne volonté notre position par rapport à une disposition intrinsèquement incompatible avec la dignité de la personne humaine.
Nous n’avons jamais ignoré le désir légitime et naturel de beaucoup de couples mariés d’avoir des enfants ; à travers notre attention pastorale pour les foyers, nous connaissons pour l’avoir entendue exprimer de vive voix la douleur que fait vivre l’infertilité.
Nous avons constaté comment le « Défenseur des habitants », la presse nationale et certains secteurs de la société ont collaboré, d’une manière peu objective et partiale, a faire naître une opinion favorable à la fécondation in vitro (FIV) parmi les citoyens, en la présentant comme une solution inoffensive aussi bien pour l’enfant que pour la mère, et gratifiante pour ces couples.
En opposition avec cette thèse, l’Eglise a insisté sur le fait que le désir d’engendrer ne constitue pas un droit en soi. De même, nous avons insisté sur le fait que l’enfants a le droit d’être conçu naturellement, porté dans les entrailles, mis au monde et éduqué dans le cadre du mariage (cf. Jean-Paul II, Donum vitae n° 11).
La FIV est et sera, jusqu’à preuve absolue du contraire, un procédé déshumanisant pour le bébé. Dans cette affaire, nous sommes malheureusement surpris de voir qu’à aucun moment, on ne décrit l’embryon comme un être humain : non, il est décrit comme un produit qui, éventuellement, peut être éliminé, que ce soit par la volonté des parents ou pour l’intérêt médical.
Notre position se fonde sur la légitime aspiration à protéger la vie humaine depuis sa première étape de développement, et c’est pour cela que le Costa Rica a interdit cette pratique depuis l’an 2000, raison pour laquelle elle est aujourd’hui condamnée par l’arrêt de la Cour interaméricaine, qui se permet un jugement absolu sur un aspect aussi grave que l’est la vie humaine en sa première étape.
Cette condamnation du Costa Rica est une action fondée sur les critères subjectifs de fonctionnaires internationaux, dont les critères particuliers ont porté atteinte à la souveraineté juridique et constitutionnelle du Pays.
Cette résolution, cependant, ne nous prend pas par surprise. Premièrement, les experts présentés par l’Etat costaricain à l’audience devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme se sont livrés à des contradictions. De même, certains juges, au cours des interrogatoires, ont fait des commentaires en contradiction directe avec ce qu’établit la Convention américaine sur les Droits de l’homme : « Toute personne a droit au respect de sa vie. Ce droit est protégé par la loi et, en général, depuis l’instant de la conception » (Art. 4), et ce pour s’affirmer favorables à la FIV.
Nous en appelons à la Tradition costaricaine de défense et de respect du droit international, pour dire que cet arrêt est un triste exemple de l’idéologie de la culture de mort qui contredit la loi naturelle et le principe judéochrétien du respect de la dignité humaine, niant aussi bien en théorie que dans la pratique la valeur transcendante de la personne.
Ce thème, comme touts les thèmes relatifs à la vie humaine, doit être considéré au-delà des perspectives partielles d’ordre médical, économique, sociologique ou idéologique, « à la lumière d’une saine vision intégrale de l’homme et de sa vocation, non seulement humaine et terrestre, mais aussi surnaturelle et éternelle » (Paul VI, Humanae vitae n° 7).
Les systèmes constitutionnels démocratiques doivent se fonder sur un sain consensus moral et non sur des accords précaires, provisoires ou historiques, et c’est pourquoi nous regrettons que les constitutions nationales et les systèmes de valeurs qui les sous-tendent se voient altérés par le biais de l’abus d’interprétation de juges en faveur d’une mentalité anti-vie.
En tant qu’évêques et citoyens, nous continuerons d’insister sur le fait que la vie humaine possède un caractère sacré, et c’est pourquoi toute attaque contre cette vie doit rencontrer une ferme et claire opposition de la part des croyants, fils et filles de l’Eglise. Même si cette technique est légalisée, alors que les embryons humains sont assassinés, elle sera toujours immorale.
On ne peut pas construire le bien commun sans reconnaître et protéger le droit à la vie comme le pilier sur lequel s’appuie toute la société civile.
Que Jésus-Christ, l’enfant-Dieu conçu dans les entrailles d’une Femme et né à Bethlehem, source et fondement de la vie, nous donne à tous la force de l’annoncer comme « Chemin, Vérité et Vie » afin qu’en lui, nous construisions l’avenir de nos familles et de toute la nation.
Que cette déclaration soit lue lors de la sainte messe en cette fin de semaine, à la veille de la Nativité de Notre Seigneur.
San José, le 21 décembre 2012.
La liste des signataires est ici.
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des fonctionnaires internationaux denient au Costa Rica le droit à légiférer librement selon ses valeurs ; c’est une atteine à la liberté