Juste avant le vote et l’adoption par le Sénat et la Chambre des Philippines de la loi sur la Santé reproductive, et en attendant la signature d’un texte conciliant les deux versions par le président des Philippines, Benigno Aquino, la Conférence des évêques des Philippines (CBCP) a publié sur son site une réaction forte intitulée « La contraception, c’est la corruption ». La lettre pastorale, rendue publique lundi en tant que document officiel de la Conférence des évêques, porte la signature de Mgr Socrates B. Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan, depuis sa cathédrale de Saint Jean l’Evangéliste, en l’absence du président de la CBCP, dont le texte précise qu’il est « à l’heure actuelle à l’étranger ».
Je vous en propose ci-dessous ma traduction.
La Contraception, c’est la corruption
A la recherche de lumière et de direction à propos de la loi sur la Santé reproductive
Alors que nous commençons aujourd’hui les neuf jours de la « Misa de Gallo » [la neuvaine traditionnelle philippine qui culmine avec la messe de minuit de Noël ou la « messe du coq », NDLR], nos pensées se tournent vers Jean-Baptiste, celui qui désigne Jésus, l’Enfant Christ de Noël. Les gens viennent lui demander : « Alors, que devons-faire ? » parce que leurs cœurs sont remplis de l’attente du Messie (Lc, 3,15). Ils avaient besoin de raisons d’espérer. Saint Jean-Baptiste leur a dit de partager ce qu’ils avaient, d’agir avec justice, et de bannir toute extorsion.
Aujourd’hui, notre question en tant que peuple de Dieu, en ce qui concerne le texte de loi controversé sur la Santé reproductive, peut bien être la même. Que donc devons-nous faire ?
Au nom de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, je réitère ce qu’ont collectivement discerné les évêques philippins : si la loi de Santé reproductive est promulguée, elle pourra causer des dommages à notre nation. La contraception corrompt l’âme. On a fait à la loi de Santé reproductive un emballage cadeau pour la faire ressembler à un bienfait pour la santé maternelle. Il n’en est rien. Elle va provoquer de plus grands crimes contre les femmes.
On promet aux pauvres une vie meilleure grâce à la loi sur la Santé reproductive. Il n’en sera rien. Les pauvres peuvent sortir de leur misère grâce à un meilleur accès à l’éducation, de meilleurs hôpitaux et moins de corruption gouvernementale. L’argent des contraceptifs peut être mieux utilisé pour l’éducation et pour d’authentiques soins médicaux.
On fait croire à la jeunesse que les relations sexuelles avant le mariage sont acceptables pourvu que l’on sache éviter la grossesse. Est-ce moral ? Ceux qui corrompent l’esprit des enfants attirent sur eux-mêmes la colère divine.
La loi sur la Santé reproductive, si elle est promulguée dans sa forme actuelle, mettra en péril la fibre morale de notre nation. Comme nous, vos évêques, l’avons dit par le passé, une mentalité contraceptive est mère d’une mentalité abortive. L’acces large et gratuit aux contraceptifs, même pour la jeunesse, aura pour conséquence la destruction de la vie familiale et une plus grande violence contre les femmes.
Alors que devons nous faire ?
Nous félicitons les cent quatre (104) élus du congrès qui n’ont pas voté, hommes et femmes, qui ont voté NON à la loi sur la Santé reproductive. Vous avez voté avec courage, malgré toutes les pressions, pour vous dresser en faveur de ce qui est juste et vrai. L’Eglise se souviendra de vous comme de héros de notre nation, qui avez dit non à la corruption et qui vous préoccupez du véritable bien du peuple, et spécialement des plus pauvres. Puissiez-vous demeurer fermes et ne pas fléchir dans votre opposition à la corruption morale.
Alors que devons nous faire ?
Nous supplions les soixante-quatre (64) élus du congrès qui n’ont pas encore voté, afin qu’ils soient éclairés et se dressent en faveur de la Vérité. De même que saint Jean-Baptiste a orienté les gens vers la justice, nous vous appelons vous aussi à rechercher la justice pour le peuple philippin. L’Eglise nous enseigne à suivre notre conscience, le sanctuaire intérieur où nous sommes seuls avec Dieu (Gaudium et Spes n° 16), mais cette conscience doit être formée et informée selon les valeurs universelles communes à toutes les personnes humaines. La vérité, c’est que pour être pro-enfants, pro-mères et pro-pauvres, nous devons résister à toutes les menaces qui pèsent sur eux. C’est la justice. Dressez-vous en sa faveur ; défendez-la ; ne soyez pas ébranlés par les pressions du monde et soyez les champions des personnes qui ont voté pour vous. Dieu sait et voit ce que vous faites.
Alors que devons nous faire ?
Nous exhortons les fidèles catholiques philippins à partager avec ceux qui ont moins, en ce Noël, mais aussi à partager leur prière afin que nos élus et élues du congrès soient fidèles à leur vocation à servir les véritables intérêts du peuple philippin. Cela signifie : défendre la vie, dire non à la contraception qui est la corruption, être fidèle à l’Enfant de Noël qui était pro-femmes, pro-enfants et pro-pauvres.
Depuis le cathédrale de saint Jean l’Evangéliste, Dagupan City, 15 décembre 2012.
Pour le président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, actuellement en déplacement à l’étranger.
+ Socrates B. Villegas
Archevêque de Lingayen-Dagupan &
Vice-Président de la CBCP
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