Mgr Hervé Gaschignard, évêque d’Aire et Dax, a écrit le 14 décembre un message à ses diocésains concernant le mariage; On y lit :
“1- Il faut en premier lieu regretter l’absence de débat dans l’attitude actuelle du gouvernement et de nombreux élus. Le rapporteur de la loi a précisé que les auditions consistaient « à éclairer le débat sur le projet de loi, pas à juger de son opportunité ». Une telle attitude discrédite encore davantage les institutions politiques déjà bien fragilisées aux yeux d’un grand nombre, en particulier de la jeunesse, dont l’abstention aux dernières élections reste préoccupante. Les évêques de France ont appelé à ce débat depuis plusieurs mois. Ils se sont fermement prononcés dès le 8 novembre dernier, et j’ai moi-même souligné ces propos dans les médias diocésains. […] Que les catholiques de notre pays sachent que leurs évêques les encouragent à parler, à écrire, à agir, à se manifester….ils ont le droit de témoigner de ce qui, dans la lumière de notre foi et selon la logique de la raison et du bon sens, leur semble essentiel pour le présent et pour l’avenir ».
2- Les carences de fond sont désormais bien connues. Citons parmi d’autres :
- L’intention pour plus d’égalité repose sur une confusion. Les partenaires de même sexe n’accèderont pas à la procréation qui suppose la différence sexuelle. L’ouverture probable de la procréation médicalement assistée (PMA) deviendra alors discriminatoire puisqu’accessible seulement aux femmes, à moins que le législateur ne s’engage dans la gestation pour autrui dont les dérives ont déjà été présentées lors de la révision récente des lois de bioéthique.
- Une nouvelle définition du mariage changerait la fonction sociale de cette institution et affaiblirait la cohésion sociale qu’elle construit. Les modifications des modalités de l’état civil soulignent les bouleversements sociaux très graves en termes de filiation et de parenté, d’éducation et d’adoption.
- L’absence de référence aux conséquences prévisibles pour les enfants et l’absence de référence aux droits de l’enfant est frappante. Chacun a pourtant le droit de connaître ses origines et celui d’être élevé par ses parents.
- Les enfants de ménages homosexuels ne sont pas aujourd’hui des enfants adoptés, mais les enfants de l’un des partenaires. Ils peuvent d’ailleurs connaître leur deuxième parent ou son existence. Mais le projet de loi va établir de nouvelles discriminations entre eux et ceux des “nouveaux couples”. Bien d’autres carences juridiques, psycho-sociales, éthiques, ont déjà été soulignées par des personnalités ou des groupes bien différents. […]
3- Mais alors, que faire ?
- J’invite en premier lieu tous les fidèles catholiques à demander à Dieu, dans la prière et le jeûne, sa lumière pour nous-mêmes et pour les consciences de tous nos concitoyens. On choisira, personnellement ou en famille, ce temps de prière et de jeûne. Pour ma part, je le marquerai le vendredi 11 janvier.
- Je souligne à nouveau l’importance de reprendre le chemin du débat, à tous les niveaux, avec tous les élus (députés, conseillers généraux ou régionaux, maires), sans se contenter de réponses péremptoires, de slogans, ni céder à l’agressivité et à la violence verbale. Que chacun écrive une lettre manuscrite à ses élus, organise un vrai débat avec ceux qu’il rencontre habituellement.
- J’encourage ceux qui pensent, en conscience, qu’ils doivent manifester leur opposition à ce projet, à rejoindre les femmes et les hommes de bonne volonté qui se réuniront à Paris, le 13 janvier prochain. Comme citoyens, nous devons participer à la vie politique, en utilisant les moyens d’expression qui sont ceux de la démocratie participative. […]
4- Continuer l’action
Compte-tenu de l’ampleur et de la gravité des questions posées, il n’est pas bon d’entrer dans des réformes aussi ambitieuses et hasardeuses. D’autres projets se préparent : l’expérimentation sur l’embryon, les questions de la fin de la vie, une nouvelle révision des lois de bioéthique. Ils réclament tous une réflexion approfondie. Il nous appartient d’entendre les questions posées à notre société et d’analyser les crises qui la minent, en premier lieu la crise économique et ses multiples conséquences. Déjà des groupes de chrétiens se mobilisent, y réfléchissent et y travaillent. Je demande à tous de les rejoindre et de participer au service du bien commun. Il faut connaître et diffuser la pensée sociale de l’Église, qui éclaire les questions de la vie, de la famille et de la société. Avec toutes les personnes de bonne volonté, nous bâtirons alors une société plus libre, plus juste et plus vraie, plus respectueuses des faibles.