Voici un extrait du texte de l’évêque de Langres :
“[…] Le mot de mariage a un sens qui recouvre une réalité profonde enracinée dans l’histoire des peuples et fixée par le droit. Il exprime l’union d’un homme et d’une femme qui décident de façon contractuelle de s’aimer dans la durée et de donner naissance à des enfants. […] La différence sexuelle, fondement du mariage dès l’origine, serait affaiblie si le mariage des couples homosexuels est inscrit dans une loi. Avec cette conséquence que l’union de deux femmes et l’union de deux hommes est inféconde sans l’intervention d’un tiers. S’il s’agit de prendre en considération l’amour qui unit deux femmes et l’amour qui unit deux hommes, il n’y a aucune nécessité légale à appeler cette situation un mariage. Il faut trouver un autre terme. La question de l’adoption des enfants par deux personnes du même sexe est à la fois distincte de la question du mariage et connexe. La loi française reconnaît déjà l’adoption d’un enfant par une personne célibataire avec des conditions particulières. Ce qui alors, selon certains, ouvre la porte à l’adoption d’enfant par deux personnes du même sexe. Là encore, il faut mesurer les conséquences importantes d’une telle perspective. L’enfant lui-même a droit au respect dès sa naissance et même dès avant sa naissance. Il n’est pas un objet du désir des adultes, même s’il est le fruit des désirs de parents (homme et femme) responsables ou jugés comme tels. L’enfant a sa dignité propre. Par ailleurs, l’éducation des enfants est chose trop sérieuse pour qu’elle soit brouillée dans les repères indispensables des liens avec un père et avec une mère. Dans un couple de même sexe adoptant un enfant, où situer la paternité ? Ou situer la maternité ? Une loi ne suffit pas à le décider. La réalité est autrement plus complexe. Les difficultés rencontrées et assumées avec courage aujourd’hui par des parents (homme et femme) qui ont adopté des enfants sont telles qu’il ne faut pas en rajouter en ouvrant l’adoption à des couples du même sexe. Les effets négatifs repérés chez les enfants de familles dites recomposées pour vivre leur filiation réelle avec une diversité de « parents » devraient alerter. Le droit à l’enfant risque de faire oublier le droit et le bien de l’enfant. Une différenciation entre la filiation biologique et la parentalité d’éducation ne va pas faciliter le chemin qui conduit l’enfant à la maturité. Le projet de loi n’est pas à la hauteur des enjeux : il atteint la famille dans sa nature anthropologique et relativise la différence sexuelle source de fécondité. Il ouvre une brèche supplémentaire dans la cohésion sociale de notre pays, qui n’a pas besoin de nouvelles divisions. Il fait naître de nouveaux conflits de devoirs et ne respecte pas l’objection de conscience. Il n’apparaît pas comme un progrès de notre civilisation.”