Je vous informai, hier, de la prise de fonction le 12 novembre du britannique Mark Thompson comme président-directeur général du New York Times, en signalant que cette personnalité de premier plan du monde médiatique était catholique. Le fait d’être catholique ne prémunit pas du mensonge. Et c’est ce que souligne et dénonce Bill Donohue, le patron de la Catholic League, dans un communiqué d’hier intitulé sans point d’interrogation : « Mark Thompson ment ». Bill Donohue a consacré de nombreux communiqués à l’affaire du pédophile britannique et violeur en série, Jimmy Saville. Je ne les avais pas évoqués puisque ce sujet n’était pas strictement américain. La raison pour laquelle Donohue en a tant parlé, c’était principalement de montrer que les médias si acharnés à dénoncer – bien souvent à tort – la “pédophilie” de clercs de l’Église catholique, étaient soudain comme frappés de mutisme quand la pédophilie était le fait de l’un des leurs, Jimmy Saville ayant été un présentateur flamboyant de la télévision publique britannique et une “icône” de la BBC. Aujourd’hui décédé, le scandale de ses comportements – connus depuis longtemps mais tus – a explosé entraînant la démission de très hauts cadres de la BBC. Mark Thompson, qui a quitté la présidence de la BBC le 17 septembre dernier après avoir passé huit années à la tête de cet organisme, était-il au courant des turpitudes de Saville ? Il prétend que non. Donohue n’est pas du tout de cet avis…
Mark Thompson, ancien patron de la BBC et actuel président de la société du New York Times, n’a cessé de dire qu’il ignorait tout de l’exposé épineux [des comportement du] violeur d’enfants de la BBC, Jimmy Saville. Ce qui est le plus étonnant dans tout cela, c’est qu’il a déclaré le 13 octobre : « Pendant toute la durée de mes fonctions comme directeur général de la BBC, je n’ai jamais entendu la moindre allégation » sur Jimmy Saville. Comme je l’ai écrit le 26 octobre : « Si cela est vrai, cela fait de lui un recrutement sans égal pour le Times : tout le monde ayant au moins entendu parler de cette affaire Saville ».
Thompson a ultérieurement admis qu’on lui avait parlé l’année dernière, lors d’une fête de Noël [à la BBC], de cette histoire du passé. Il n’avait pas tellement le choix : la journaliste de la BBC Caroline Hawley avait révélé toute l’affaire. En outre, Thompson recevait quotidiennement des coupures de presse sur Saville, et nous devrions croire son assertion qu’il n’en a jamais lus aucunes. Ce qui a été révélé cette semaine, outrepasse les limites de la crédulité.
La veille du jour ou Thompson a quitté la BBC en septembre dernier, ses avocats ont adressé une lettre au Sunday Times de Londres, le menaçant de poursuites s’il mettait à exécution son projet de publier un article détaillé sur l’affaire Saville. Inévitablement, la lettre récapitulait les accusations contre l’icône de la BBC, anéantissant l’affirmation de Thompson selon laquelle il n’avait jamais entendu parler des crimes sexuels en série de Saville, quand il dirigeait la BBC.
Et maintenant nous devrions croire que Thompson a demandé à ses avocats d’écrire une lettre qu’il n’aurait jamais lue ! Ed Williams, le porte-parole de Thompson à Londres déclare : « Il [Thompson] a verbalement donné son accord à la tactique consistant à envoyer un courrier légal mais n’a pas participé à sa rédaction ». Selon le New York Times d’aujourd’hui [16 novembre], Thompson fait plus que dire qu’il était d’accord pour l’expédition de cette lettre : il déclare qu’il a « verbalement autorisé l’envoi de la lettre ». Était-il au courant de ce qu’il autorisait ? Thompson n’en dit mot – même pas au Times – mais son collaborateur anonyme s’attend à ce que l’on croie que son patron « ne connaissait pas les détails de son contenu ». Et comme si cela ne suffisait pas, le conseiller personnel de Thompson dit de cette lettre : « On ne sait pas trop si elle lui a été montrée, mais il ne souvient pas l’avoir lue ». Thompson ment, et cela tout le monde le sait.