Mardi 6 novembre 2012.
Mon très cher Lully,
En corollaire de ce que je t’ai écrit hier (cf. > www), je voudrais aujourd’hui te montrer une photographie : elle a été prise dans l’après-midi de ce 5 novembre 2012, et elle représente l’autel de la chapelle du Sacré-Coeur de Jésus, dans l’église Saint-Martin de Vals-les-Bains où j’ai été baptisé.
Cette chapelle du Sacré-Coeur est également la chapelle où se trouvent les fonts baptismaux : c’est donc aux pieds du Sacré-Coeur que j’ai reçu le don précieux de la régénération et la vie de la grâce.
Pour moi, qui suis tout dévoué au mystère de ce Sacré-Coeur, qui me dépense pour faire connaître les demandes qu’Il a adressées à toute l’Eglise par l’intermédiaire de Sainte Marguerite-Marie (cf. > www) et qui souhaite ardemment susciter des réponses toujours plus généreuses à Ses appels, ce m’est un vrai bonheur spirituel de penser que j’ai été fait enfant de Dieu le Père, en étant incorporé au Christ, Son Fils incarné, par la puissance du Saint-Esprit, devant l’autel du Sacré-Coeur, surmonté d’un vitrail représentant l’apparition à Sainte Marguerite-Marie.
Je trouve tout particulièrement éloquent le lien qui est établi par la disposition de ces lieux : l’eau sainte du Baptême est celle qui a jailli, avec le Sang rédempteur, du Coeur de Notre-Seigneur ouvert par la lance du centurion (cf. Johan. XIX, 34) ; cela est en pleine et parfaite conformité avec les commentaires des Pères de l’Eglise.
Mais Je te laisse voir cette photographie…
N’es-tu pas, comme moi, cher Lully, frappé par l’impression d’abandon et par la saleté de cet autel?
Si cela m’eût été possible, je me fusse précipité pour ôter ces horribles toiles d’araignées chargées de poussière noire, mais cette chapelle est fermée par une grille qu’il m’était impossible de franchir (et qui ne doit pas souvent être ouverte : il est probable que les baptêmes soient célébrés dans le sanctuaire au dessus d’un grand saladier ou d’une bassine à confiture!).
Tu remarqueras aussi que, contrairement aux règles du respect dû aux autels, celui-ci – comme d’ailleurs la plupart des autres dans cette église – n’est recouvert ni d’une nappe ni d’un tapis protecteur mais de ce qui, de loin, m’a semblé être une espèce de « placoplatre » !!!
Je n’ai pu m’empêcher de penser aussitôt aux plaintes de Notre-Seigneur Jésus-Christ retranscrites par Sainte Marguerite-Marie :
– « Voilà l’état où me réduit mon peuple choisi que j’avais destiné pour apaiser ma justice et il me persécute secrètement… » (in « Mémoire composé par ordre de la Mère de Saumaise » §36).
– « (…) Il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur amour, et jusqu’à quel excès il l’avait porté, d’aimer les hommes, dont il ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances. « Ce qui m’est beaucoup plus sensible, me dit-il, que tout ce que j’ai souffert en ma passion ; d’autant que s’ils me rendaient quelque retour d’amour j’estimerais peu tout ce que j’ai fait pour eux, et voudrais, s’ils se pouvait, en faire encore davantage ; mais ils n’ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien… » (in « Autobiographie » §56).
– « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. Mais ce qui m’est encore le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi… » (in « Autobiographie » §92).
J’ai aussi repensé à la phrase du Saint Curé d’Ars : « Le sacerdoce, c’est l’amour du Coeur de Jésus », ainsi qu’à la dixième des promesses du Sacré-Coeur : « Je donnerai aux prêtres (sous entendu : qui pratiqueront cette dévotion envers le divin Coeur de Jésus) le talent de toucher les coeurs les plus endurcis » (cf. > www).
A contrario, cela laisse entendre qu’un prêtre qui n’a pas de dévotion envers le Sacré-Coeur, qui n’a pas un fervent amour du Coeur de Jésus, sera un bien piètre apôtre et n’aura guère de talent pour toucher les coeurs…
Si l’état de cette chapelle et de cet autel est représentatif de la ferveur et de la dévotion du clergé local, on ne doit pas s’étonner de constater que ses lieux de culte se vident et que les fidèles soient de moins en moins nombreux!
Je conclurai ces quelques réflexions par cette citation de Maurice Barrès : « Devant ces églises, ça et là, à demi-désertes, à demi-écroulées, je me surprends à méditer la grande vérité, le mot décisif : les églises de France ont besoin de saints! » (in « La grande pitié des églises de France »).
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.
Bande dessinée
« Je veux que tu me serves d’instrument pour attirer des coeurs à mon amour » > www