Le mot a tapé juste. Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a déclaré, samedi matin à Lourdes, dans son discours d’ouverture de l’assemblée d’automne des évêques de France.
“Contrairement à ce que l’on nous présente, le projet législatif concernant le mariage n’est pas simplement une ouverture généreuse du mariage à de nouvelles catégories de concitoyens, c’est une transformation du mariage qui toucherait tout le monde. Ce ne serait pas le « mariage pour tous » (étrange formule qu’il ne faut sans doute pas prendre au pied de la lettre !). Ce serait le mariage de quelques-uns imposé à tous. Les conséquences qui en découlent pour l’état civil en sont suffisamment éloquentes : a-t-on demandé aux citoyens s’ils étaient d’accord pour ne plus être le père ou la mère de leur enfant et ne devenir qu’un parent indifférencié : parent A ou parent B ? La question fondamentale est celle du respect de la réalité sexuée de l’existence humaine et de sa gestion par la société. Alors que l’on prescrit la parité stricte dans de nombreux domaines de la vie sociale, imposer, dans le mariage et la famille où la parité est nécessaire et constitutive, une vision de l’être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants.”
Il s’est attiré les foudres de la gauche et des insultes. Le rapporteur PS du projet de loi Erwann Binet, ancien scout de France, marié et père de 5 enfants, catholiques dit “de gauche” a demandé que les évêques
“ouvrent les yeux sur les familles d’aujourd’hui qui font cette société, des familles monoparentales, homoparentales, recomposées”.
Peut-être les évêques lui rappelleront-ils la nécessité pour un catholique, fût-il de “gauche”, de croire à ce qu’enseigne l’Eglise en matière d’union conjugale. Et certains oseront même lui signifier qu’il ne pourra plus s’approcher de la Sainte Table sans avoir exprimé de contrition pour avoir défendu ce projet inique.
Le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen a dénoncé le “retour en arrière choquant de l’Eglise catholique“, “une espèce de retour vers un fondamentalisme qui me pose problème“. Sic.
Sur les réseaux sociaux, les évêques ont essuyé des insultes, qui montrent la hauteur du débat : “Cathos fachos“, “à combattre jusqu’à la mort du dernier“, “pédophiles en soutane, on va s’occuper de vous“, “les curés à l’échafaud“…
François Hollande doit, sauf report de dernière minute, trouver sa promesse de campagne, mercredi prochain, sur la table du Conseil des ministres.
Les évêques, présents dans tout les départements français, affirment «sentir l’opinion bouger». «Beaucoup de maires nous disent qu’ils ne comprennent pas le mariage homosexuel, qu’ils refuseront d’en célébrer», assure un évêque. Un sondage publié par Le Parisien montre une chute de cinq points de l’opinion en faveur de la dénaturation du mariage. La montée en puissance de l’épiscopat contre ce projet n’est pas seulement verbale. Le cardinal Vingt-Trois a appelé à «saisir les élus» et encouragé ceux qui le désirent à manifester publiquement dans la rue (une grande première dans la bouche du cardinal !) :
«Ils peuvent, et peut-être doivent, utiliser les moyens d’expression qui sont ceux d’une société démocratique, d’une “démocratie participative”».