ἐν τούτῳ νίκα
Samedi 27 octobre 2012.
Les heureuses et providentielles dispositions du calendrier font que, cette année, le dimanche de la fête du Christ Roi (cf. > www) coïncide avec le dix-septième centenaire de la victoire de Constantin sur Maxence au Pont Milvius, le 28 octobre de l’an 312.
Flavius Valerius Aurelius Constantinus, que nous appelons communément Constantin, est le fils de Constance, surnommé Chlore (c’est-à-dire « au teint pâle »), et d’Hélène, future sainte.
Né en 272, il a été proclamé trente-quatrième empereur de Rome, à York, par les troupes de son père à la mort de ce dernier, le 25 juillet 306.
L’empire est alors dans une période de troubles en raison des divisions et querelles sans fin engendrées par le délitement de la tétrarchie.
Constantin reconquiert la péninsule italienne contre son rival Maxence : l’engagement décisif a lieu sur la via Flaminia, à une dizaine de kilomètre au nord-est de Rome, au lieu dit des Saxa Rubra (les roches rouges) en avant d’un pont de pierre qui enjambe le Tibre, le Pont Milvius.
L’armée de Maxence est défaite, et Maxence lui-même meurt noyé dans le Tibre.
Constantin, fils d’une chrétienne, inclinait déjà vers le monothéisme depuis plusieurs mois. Il assurera avoir eu une vision, en plein midi, suivie d’un songe nocturne : la vision lui montrait une croix lumineuse au dessus du soleil avec l’inscription « ἐν τούτῳ νίκα – in hoc signo vinces » (par ce signe tu vaincras) et le songe lui enjoignait de mettre le signe divin sur les boucliers de ses soldats et sur les enseignes de son armée.
Lactance, apologiste chrétien et rhéteur, écrit : « Il fit marquer la lettre X traversée d’un trait recourbé à son sommet, c’est à dire le monogramme du Christ ». C’est la superposition des deux lettres grecques X (chi) et P (rhô) : les deux premières lettres du mot Christos, écrit en grec.
Si les historiens modernes, lobotomisés par le rationalisme et l’esprit des prétendues lumières, remettent en doute la vision et le songe de Constantin, ils le font en opposition avec une tradition unanime et continue de l’Orient comme de l’Occident.
L’apposition du Xhi-Rho sur les insignes impériaux est de toute façon absolument certaine et la victoire sur Maxence ne peut être mise en doute, pas plus qu’on ne peut remettre en question la conséquence directe de cette victoire : la pleine liberté de culte donnée aux chrétiens qui avaient jusque là été les cibles des persécutions du pouvoir impérial.
Quelques mois plus tard, en effet, sera promulgué l’Edit de Milan (avril-juin 313), qui permettra à l’Eglise de sortir des catacombes et qui sonnera le glas du paganisme à l’agonie.
Oui, ce 28 octobre 312 est l’une des grandes dates de notre histoire, l’une de ces dates qui a changé le cours de l’histoire.
Le dix-septième centenaire de la victoire du Pont Milvius devrait être marqué par des réjouissances publiques et solennelles… si nous étions encore dans des pays chrétiens!!!
On serait même en droit d’espérer que l’année 2013 – comme cela avait été le cas en 1913 – voit la promulgation conjointe, par les Eglises de Rome et de Constantinople, d’un jubilé constantinien.
Cela n’entrerait-il pas de manière idéale dans le cadre de cette « année de la foi » ouverte par le Souverain Pontife le 11 octobre dernier?
Raphaël : Constantin dans la bataille du Pont Milvius
(détail de la grande fresque représentant la bataille dans les « Stanze Vaticane »)
Vous trouverez, ci-après (> www) le texte même d’Eusèbe de Césarée relatant ces évènements, dont Eusèbe affirme qu’il tient le récit de la bouche même de Constantin.
J’ai choisi de le publier intégralement parce que justement la plupart des historiens l’évoquent sans même le citer, du fait qu’ils ne lui accordent que peu de crédibilité… pour des raisons essentiellement idéologiques.
Pour l’heure, très heureux de la coïncidence de ce dix-septième centenaire avec la fête du Christ Roi, je ne peux omettre de citer le Pape Léon XIII qui écrivait en 1899, dans l’encyclique « Annum sacrum » par laquelle il prescrivit pour toute l’Eglise la récitation de l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Coeur, dont le texte doit désormais être repris en cette fête du Christ Roi (cf. > www) :
« A l’époque où l’Eglise, toute proche encore de ses origines, était accablée sous le joug des Césars, un jeune empereur aperçut dans le ciel une croix qui annonçait et qui préparait une magnifique et prochaine victoire. Aujourd’hui, voici qu’un autre emblème béni et divin s’offre à nos yeux. C’est le Cœur très sacré de Jésus, sur lequel se dresse la Croix et qui brille d’un magnifique éclat au milieu des flammes. En lui nous devons placer toutes nos espérances ; nous devons lui demander et attendre de lui le salut des hommes. »
Aussi, malgré la tristesse des temps dans lesquels nous vivons, nos coeurs sont-ils soulevés par une joyeuse espérance en nous souvenant des paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ à Sainte Marguerite-Marie : « Ne crains rien, je règnerai malgré mes ennemis et tous ceux qui voudront s’y opposer… Il règnera ce divin Cœur, malgré ceux qui voudront s’y opposer. Satan demeurera confus avec tous ses adhérents »!
Lully.