Depuis le 11 octobre dernier, l’Église célèbre le cinquantenaire de l’ouverture du Concile Vatican II. Très justement, le site américain Rorate Caeli signale que 2012 est aussi l’année d’un autre anniversaire, celui du missel de 1962 et il indique que entre le moment de sa promulgation, puis de ses différentes révisions – avec notamment l’ajout de la mention de saint Joseph au Canon de la messe – plusieurs mois se passèrent jusqu’à son entrée en vigueur en 1963.
Pourtant le missel de 1962 fut promulgué le 23 juin 1962, quelques mois avant l’ouverture du Concile et donc quelques mois avant Sacrosanctum Concilium qui demandait des transformations dans une liturgie dont les livres liturgiques venaient à peine d’être modifiés. On peut s’interroger sur la cohérence de cette démarche, au moins à vue humaine. Le missel de 1962 reposait lui-même sur les nouvelles rubriques et classifications promulguées par le motu proprio Rubricarum Instructum de 1960.
Rappelons pour mémoire, comme nous l’avons déjà fait à plusieurs reprises, que l’utilisation du missel de 1962 depuis 1988 (motu proprio Ecclesia Dei et motu proprio Summorum Pontificum) tient beaucoup à la résistance de Mgr Lefebvre et au choix fait par la Fraternité Saint-Pie X de ce missel. Or on doit à l’abbé Didier Bonneterre, décédé en 2009, ce choix des livres liturgiques de 1962, comme l’a expliqué sur le Forum catholique l’abbé Claude Barthe, que nous avons déjà cité à ce sujet :
Pour l’histoire, il faut savoir que l’abbé Didier Bonneterre est à la lointaine origine de la teneur de la « forme extaordinaire ». Cérémoniaire à Ecône très apprécié de Mgr Lefebvre, il l’avait convaincu de prendre la décision, commode du point de vue pratique et théorique, de s’en tenir aux livres liturgiques en usage en 1962, Bréviaire, Missel, Pontifical. De ce fait, les « rubriques de 1962 sont devenues la liturgie commune – à quelques variantes près – de l’ensemble du monde tridentin. Ce que les motu proprio successifs de 1988 et de 2007 ont entériné.
Concernant les livres liturgiques de 1962, rubriques comprises, on peut reprendre à l’adaptant la remarque que l’abbé Bonneterre faisait concernant la réforme du bréviaire par Jean XXIII : que pour imparfaite ou insatisfaisante qu’elle soit, cette réforme « demeure » « un acte légitime du Magistère ».
L’abbé Bonneterre devait donc en toute logique considérer que les Missels de 1965, 1967, 1969 et 2002 étaient des “actes légitimes du Magistère”… Il est étonnant qu’un cérémoniaire que vous dites réputé et apprécié n’ait pas compris la terrible nouveauté de la Semaine sainte de 1955 ! Et Mgr Lefebvre avec lui.