À force de dire du mal de L’Osservatore Romano, le monde, qui est plein de malfaisants, va finir par croire que je suis jaloux de n’y point collaborer. Chiche ! Mais à mes
conditions. Et je ne parle même pas de conditions financières. M’est avis qu’on en reparlera au siècle prochain. Comme il m’arrive d’être un peu las de jouer le rôle du Père fouettard pour le
quotidien du Saint Siège, j’ai décidé aujourd’hui de passer le martinet à quelqu’un d’autre. Ce quelqu’un d’autre, vous le connaissez puisque je l’ai déjà mis à contribution ici. Il s’agit du professeur Edward Peters qui enseigne le latin et le droit canonique
(c’est sa grande spécialité internationalement reconnue) au Sacred Heart Seminary de Detroit (Illinois). Sur son blogue intitulé In the Light of the Law (à la lumière de la loi), il publie bien des choses intéressantes. Et si vous croyez que le droit canonique ne porte pas nécessairement à
l’humour, voici de quoi vous détromper. L’article que je vous propose de savourer a paru le 30 juin dernier – je l’avais garder sous le coude pour la période estivale – sous le titre «
L’Osservatore Romano et la perte de la raison » et qui traite du très stupéfiant article que L’OR a consacré à… Michael Jackson à l’occasion de sa mort.
Le commentaire d’Ed Peters est d’un humour, je le reconnais, grinçant, mais très anglo-saxon, c’est-à-dire pétri de bon sens. Il n’est pas interdit à L’OR, à défaut
d’humour, de pratiquer le bon sens… Disons que c’est mon vœu peux de l’été, et n’en parlons plus…
« Pendant presque toute ma vie, j’ai considéré L’Osservatore Romano comme une feuille de chou somnolente et romaine qui arrivait des semaines après sa date de parution, et imprimée
avec une encre de si mauvaise qualité qu’elle maculait les doigts de ceux qui éprouvaient le besoin de lire, page après page, des poncifs sur le dernier ambassadeur de je ne sais où, photographié
en habit et présentant ses lettres de créances. Hormis, supposons-le, une critique de livre intéressante mais occasionnelle, L’OR n’a, pendant des décennies, rien publié de vraiment
intéressant qui ne se trouvât beaucoup plus rapidement dans une demi-douzaine d’autres publications lesquelles, de surcroît, n’obligeaient pas leurs lecteurs à aller se laver les mains avant de
toucher quelque chose de beige ou de blanc.
Mais, ultérieurement, L’OR a décidé qu’il lui fallait devenir compétent. Que Dieu nous aide.
À peine venait-il de refaire surface, maltraité mais, je le pensai, modérément réprimandé, après son éditorial à la louange du président Obama, naïf et nuisible à un point très
embarrassant, que L’OR offrait au monde un hommage scolaire, version terminale, au très talentueux mais absolument pathétique artiste de music-hall Michael Jackson.
Il se peut que Jackson n’ait pas été entièrement responsable du chaos tourbillonnant que furent sa vie et sa mort, mais que L’OR en soit venu à faire part de son décès – sans même,
et simultanément, inviter les catholiques à prier pour son âme et pour celles de tous les fidèles défunts – me stupéfie.
Pire, L’OR dans son article ne permet guère aux catholiques de savoir que beaucoup de l’œuvre de Jackson exploitait la sexualité, et parfois de manière quasi obscène. Il écarte comme
insignifiant l’affreux exemple d’un Jackson à la recherche maladive d’une “beauté” superficielle, donné à des millions de jeunes gens. Et, le pire de tout, il banalise les allégations
sérieuses – et, dans certains cas, non résolues – d’abus sexuels contre des enfants qu’on lui a imputées. L’OR n’avait pas besoin de reprendre à son compte ce qu’il y a de pire dans la
conduite de Jackson dans ces affaires, mais il n’aurait jamais dû sous-entendre que de telles allégations, même si elles sont vraies, ne pourront jamais ternir l’admiration mondiale dans
laquelle il fut tenu ! Ça alors ! L’OR a-t-il complètement perdu la raison ?
Si le Vatican souhaite avoir un journal pour offrir une perspective catholique sur le monde : parfait. Mais, article premier sur la liste “à faire” : trouver des catholiques capable d’écrire et
de publier un tel journal avec cohérence. De gaffe en gaffe, n’importe qui peut finir par vaciller. »