Un tribunal de district à Darmstadt, Allemagne, a retiré de la garde de leurs parents quatre enfants dont il a ordonné la remise aux services publics de la jeunesse, la JugendAmt, parce qu’ils sont scolarisés à la maison. Pour le moment, la JugendAmt a émis une lettre indiquant que les enfants peuvent continuer de demeurer chez leur parents, mais cette permission est assortie d’une injonction d’inscrire les enfants dans une école.
Dirk Wanderlich et ses quatre enfants |
C’est sur dénonciation de leurs voisins que les parents, récemment retournés en Allemagne après plusieurs tentatives d’installation dans d’autres pays de l’Union européeenne en vue d’échapper aux lois obligeant à la scolarisation « institutionnelle », ont dû répondre devant la justice de leur choix.
Dirk Wanderlich, le père de famille, qui refuse de revenir sur son choix de faire l’école à la maison, craint de voir l’Etat venir effectivement lui prendre ses enfants. Il a expliqué qu’il n’avait en rien le sentiment de mal faire : « Nous sommes très fatigués du fait de toute cette pression. Je ne comprends pas mon propre pays. Quel mal faisons-nous ? Nous faisons ce que n’importe qui devrait avoir le droit de faire.
La scolarisation à domicile a été interdite par une loi adoptée sous Hitler, toujours en vigueur, et qui ces dernières années a été appliquée avec une rigueur croissante, note John Jalsevac qui donne ces informations sur LifeSite. Des enfants ont déjà été séparés de leurs parents, d’autres parents ont fait de la prison ; et récemment, une famille allemande demandant l’asile politique aux Etats-Unis pour pouvoir scolariser ses enfants à domicile a obtenu gain de cause, le juge américain estimant que la politique allemande en la matière « est contraire à tout ce que nous croyons en tant qu’Américains ».
Une association de défense des parents qui font l’école à la maison, HSDLA, signale que le jugement se fonde sur l’intérêt qu’a le public à « contrarier le développement de sociétés parallèles et à ce que les minorités religieuses ou ethniques soient “intégrées” par le biais de l’école ».
Rien de bien différent de ce que l’on dit pour l’école publique et républicaine en France, à cette différence-près qu’en France, on ne tire pas aujourd’hui toutes les conséquences de ce point de vue.
En 2010, rappelle John Jalsevac, le ministre allemand de l’Education avait déclaré à la BBC : « Dans notre société de plus en plus multiculturelle, l’école est le lieu d’un dialogue pacifique entre les différentes opinions, valeurs, religions et idéologies. »
Les Wanderlich, qui ont déjà tenté sans succès de s’établir en France, en Norvège et en Hongrie, faute pour le père de famille, jardinier, d’avoir trouvé un travail stable, se sentent maintenant prisonniers dans leur propre pays puisque, sous le coup du jugement de retrait du droit de garde de leurs propres enfants, ils ne peuvent obtenir un passeport ni faire voyager leurs enfants qui ont été placés sous contrôle de l’Etat.
La Cour européenne des droits de l’homme a naguère justifié le droit des Etats d’organiser la scolarisation des enfants comme ils l’entendent, en permettant ou en interdisant l’école à la maison, en jugeant recevable l’idée que l’école institutionnelle puisse être obligatoire au nom de l’intégration et de la protection du pluralisme. J’avais évoqué cette affaire dans Présent en 2006 avant d’ouvrir ce blog, dans l’urgence je ne trouve qu’une référence ici en langue anglaise, mais vous y trouverez la synthèse de la décision.
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