Étrange et passionnant livre (Jean Fontenoy, Via Romana, 364 pages, 25€), ou, plus exactement, itinéraire, que nous présente Philippe Vilgier, docteur d’État en science politique, spécialiste en histoire du syndicalisme et en droit social. J’avoue que je ne connaissais de Jean Fontenoy que son nom, et encore très vaguement, incapable de le situer avec précision sur la carte des engagements politiques et littéraires.
Il faut dire que ce journaliste et écrivain, né en 1899 et mort en 1945, ne nous facilite guère la tâche et c’est pouquoi il est heureux de trouver en Philippe Vilgier un guide expérimenté dans l’exploration des destins et des parcours originaux.
Il faut d’ailleurs du souffle pour suivre Fontenoy que l’on trouve aussi bien en Chine qu’en Russie soviétique, dans les imprimeries des quotidiens parisiens que volontaire sur le Front de l’Est, marié en première noce à une juive roumaine avec laquelle il divorce (mais qu’il aidera pendant la guerre) pour épouser ensuite l’aviatrice Madelaine Charnaux. Drame de cette vie où l’espoir a fini par gagner, Jean Fontenoy se suicide en 1945, dans un Berlin en flamme.
Philippe Vilgier offre ici une biographie très équilibrée, qui ne verse pas dans la facilité des images faciles et réductrices, mais creuse en profondeur la connaissance de son personnage, témoin du drame du XXe siècle et des tentations totalitaires.