Le cardinal André Vingt-Trois a été reçu brièvement hier par le ministre de la Justice, Christiane Taubira, et du ministre délégué à la famille, Dominique Bertinotti, pour s’entretenir du sujet qui fait actuellement polémique (mais pas débat) dans les médias : la dénaturation du mariage. L’archevêque a souligné que ce projet de loi entraîne une large redéfinition du mariage. A l’issue de la rencontre, au cours de laquelle il ne semble pas que les deux femmes se soient montrées convaincues, le cardinal a déclaré :
« L’idée que l’on peut ouvrir le mariage sans le transformer est une illusion. Ce serait nourrir une illusion chez nos concitoyens de leur laisser croire que l’on va seulement donner accès au mariage hétérosexuel aux personnes homosexuelles. [Cela produira] un nouveau type de mariage qui ne sera plus tout à fait le mariage qu’ont connu ceux qui se sont mariés jusqu’à aujourd’hui ».
Au-delà de cette redéfinition juridique de la cellule de base de la société, l’archevêque de Paris a attiré l’attention des ministres sur « la question que posent l’adoption et la possibilité pour les enfants d’avoir accès à leurs origines ». Le projet de loi irait à l’encontre de la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France, et qui stipule dans son article 7 :
“L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et être élevé par eux.“
Deux personnes homosexuelles ne pouvant pas être toutes deux les parents de l’enfant, ce dernier se verra privé d’un droit fondamental.
Enfin, le cardinal a remis en cause l’expression « mariage pour tous », utilisée par le gouvernement, le lobby gay et certains médias, pour qualifier le projet de loi. Sans aller jusqu’à évoquer la polygamie ou l’inceste, il a souligné que cette expression malheureuse remet en cause les actuels « empêchements au mariage », comme l’âge ou les rapports de parenté. Autrement dit, le “mariage pour tous“, n’est pas pour tous.
Par ailleurs, aux journalistes qui cherchaient à ce que le cardinal de Paris désapprouve les propos du cardinal de Lyon, Philippe Barbarin, Mgr Vingt-Trois a rétorqué de façon intelligente qu’il n’avait pas à « prendre position sur les propos des autres ». Et, par définition, l’ouverture du mariage « à tous » n’excluait pas « de dire que les gens puissent se marier dans un mariage polygame. C’est une réflexion de bon sens. »
En revanche, le cardinal n’envisage pas de manifestation, ce qui est normal, puisque c’est une initiative qui appartient aux laïcs. L’association CIVITAS appelle à manifester à Paris le 18 novembre (14h30 avenue Duquesne, devant le ministère de la famille).