Bien qu’il ne soit pas lui-même de confession catholique, Bernard Cottret, spécialiste de l’Angleterre, professeur émérite à l’Université de Versailles Saint-Quentin, vient de consacrer tout un livre à la belle figure de saint Thomas More (Tallandier, 404 pages, 24€). On hésite un peu à qualifier cet ouvrage, à la fois biographie et étude de la pensée de Thomas More telle qu’elle se révèle dans ses différents essais, au premier rang duquel apparaît le célèbre De l’Utopie.
Homme de la Renaissance, modèle de l’humaniste tel qu’il émerge au sortir du moyen âge, Thomas More apparaît dans ce livre comme un être bien plus complexe qu’on aurait pu le penser. Juriste, ayant renoncé à la vocation religieuse, il se consacra aux belles-lettres, devint l’ami fidèle d’Erasme et surtout fut un fidèle serviteur du roi Henri VIII. Peu à peu, il monta dans la hiérarchie du conseil royal, jusqu’à devenir lord chancelier. Cependant, cet homme apprécié du roi d’Angleterre, qui mena une vigoureuse guerre contre l’hérésie protestante, aussi bien dans ses écrits que dans certaines décisions d’ordre judiciaire, ne soutint pas le monarque dans son désir de divorce. Pour être resté jusqu’au bout fidèle à son conscience, il monta sur l’échafaud le 6 juillet 1535.
On regrettera certainement dans ce livre une approche parfois protestante de l’Église catholique, malgré le souci d’honnêteté que l’auteur essaye d’avoir. D’une certaine manière, cela lui rend Thomas More difficilement compréhensible, même si par ailleurs il ne cache pas son admiration pour cette destinée et s’il essaye de faire la part des choses. En revanche, la fidélité de Thomas More au catholicisme ressort bien ainsi que le fait qu’il fut un saint laïc dans le monde de son temps.