Le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a affirmé ce matin lors d’une conférence de presse qu’il espérait pouvoir infléchir le contenu du projet de loi dénaturant le mariage et privant des enfants du droit d’avoir un papa et une maman.
“Les contacts que nous avons notamment avec Mme Taubira peuvent être de nature à infléchir le contenu de ce projet de loi”,
Il doit rencontrer le ministre de la Justice la semaine prochaine sur ce sujet. Le cardinal estime que “le projet n’est pas défini“, malgré la promesse électorale de François Hollande et que les déclarations du ministre de la Justice dans le quotidien officieux de la Conférence épiscopale, à savoir La Croix, choisi pour annoncer le contenu du projet, n’engage que Christiane Taubira.
“Un ministre est libre de faire les déclarations qu’il veut”. “Je suppose que ce n’est pas innocent”.
Enfin, interrogé sur la possibilité que certains évêques décident de célébrer des mariages religieux sans union civile préalable, pour manifester leur désaccord au projet de loi, le cardinal André Vingt-Trois a assuré que l’Eglise respecterait la loi.
“Nous avons une contrainte légale de vérifier que les candidats au mariage sacramentel ont été mariés civilement, nous l’observons. Si la République change la loi, nous observerons la loi”.
Cette déclaration est à première vue scandaleuse. Elle sème la confusion chez les fidèles en laissant entendre que ce qui est voté par le législateur rend licite un acte contraire à la loi naturelle. Dans l’encyclique Evangelium Vitae, le pape Jean-Paul II écrit très nettement :
“Aucune circonstance, aucune finalité, aucune loi au monde ne pourra jamais rendre licite un acte qui est intrinsèquement illicite, parce que contraire à la Loi de Dieu, écrite dans le cœur de tout homme, discernable par la raison elle-même et proclamée par l’Eglise.”
Plus loin, sous le titre « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29): la loi civile et la loi morale, le défunt pape ajoute :
“Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s’y opposer par l’objection de conscience. Dès les origines de l’Eglise, la prédication apostolique a enseigné aux chrétiens le devoir d’obéir aux pouvoirs publics légitimement constitués (cf. Rm 13, 1-7; 1 P 2, 13-14), mais elle a donné en même temps le ferme avertissement qu’« il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29). […] Ce sont la force et le courage de ceux qui sont prêts même à aller en prison ou à être tués par l’épée, dans la certitude que cela « fonde l’endurance et la confiance des saints » (Ap 13, 10). Dans le cas d’une loi intrinsèquement injuste, comme celle qui admet l’avortement ou l’euthanasie, il n’est donc jamais licite de s’y conformer, « ni … participer à une campagne d’opinion en faveur d’une telle loi, ni … donner à celle-ci son suffrage ».“
Le cardinal doit expliciter ce qu’il a voulu dire. S’il s’agit de respecter la contrainte légale de vérifier que les candidats au mariage sacramentel ont d’abord été mariés civilement, soit. Mais dans le contexte, cette déclaration n’est pas aussi nette et mérite un complément d’information : la cardinal considère-t-il que la dénaturation du mariage, si elle était votée par les parlementaires, deviendrait licite ?