Dans mon article du 23 août dernier consacré aux nominations dans le diocèse d’Evry, je faisais remarquer que le terme de « curé » a été banni du diocèse d’Evry, au profit de celui de « responsable », inconnu du Code de droit canonique. Il en va de même pour le terme de paroisse, remplacé par celui de secteur.
Le 5 septembre, Infocatho, le site d’information de la Conférence des évêques de France, réagissait d’une bien curieuse manière. D’abord en écrivant
“Attentif à ce que soit respectée la “tradition”, jusque dans les vocabulaires canoniques, le site “Riposte catholique” s’insurge de ce que les diocèses n’utilisent pas le terme “curé” pour les divisions pastorales autres que les paroisses.”
Le lecteur constate par lui-même que je n’ai pas employé le terme de tradition et qu’il est osé d’écrire que je m’insurge quand je fais une simple remarque en fin d’article. Je serais même “scandalisé“. Sic !
Puis Infocatho tente d’expliquer :
“C’est Mgr Dubost qui a raison. Un “secteur” n’est pas “une paroisse”. Ce serait une erreur que de nommer avec le terme de “curé” ce qui n’est pas une “paroisse” canonique. L’évêque d’Évry est un canoniste précis dans l’emploi des vocabulaires ecclésiaux. Il ne mélange pas les termes, les mots et les réalités. Un “secteur” n’est pas “une” “paroisse” canonique. Quant à parler de “responsable”, il suggère que ces prêtres ont en effet une charge, un souci pastoral à assumer. C’est bien ainsi que Cicéron, Suétone et Virgile disent : la responsabilité est une charge, “cura” en latin, et le dictionnaire Gaffiot est là pour le rappeler,… quand on veut se référer au sens latin, il ne faut pas mélanger les genres… Il faut dépasser le mot à mot et tenir compte, en plus de l’étymologie et des définitions, que ces prêtres et que chacune de ces communautés chrétiennes vivent le Christ dans un département de 1,200,000 habitants.“
En fait, on ne voit pas bien en quoi Mgr Dubost a raison, ni l’intérêt de citer le Gaffiot. Il n’y a plus de paroisse dans le diocèse d’Evry, uniquement des secteurs. Il n’y a pas non plus de curés, juste des responsables. Pour visiblement désigner la même chose. C’est donc Mgr Dubost qui s’assoie sur le Code de droit canonique, c’est-à-dire sur le droit de l’Eglise, qui ne connaît pas ces dénominations. En France, il en va ainsi du droit comme de la liturgie : chaque évêque fabrique sa propre sauce, sans se soucier de l’Eglise universelle.
Et pourquoi à votre avis ? Pour se délier des contraintes du droit canonique. Le curé titulaire dispose de pouvoirs canoniques étendus qu’il exerce seul sur son territoire paroissial. Sauf raison grave ou volontaire, une cure est, en principe, inamovible. Mgr Dubost (mais il n’est pas le seul) détricote ce statut, pour mieux disposer à sa guise des prêtres. C’est une régression juridique, sociale et pastorale. C’est une source d’insécurité et d’instabilité pour les prêtres. Si on voulait faire fuir les vocations, on ne s’y prendrait pas autrement…
Le droit canonique n’est pas une option dans l’Eglise. Et le cardinal Burke, Préfet de la Signature apostolique, est intervenu récemment, lors d’un congrès sur le droit canonique, organisé à Nairobi par la Société de droit canon du Kenya, du 28 au 30 août, qu’il fallait surmonter une ignorance générale du droit canon. Il a souhaité que soit mis fin à « un faux conflit entre le droit canon et la nature pastorale de l’Eglise, entre la vérité et l’amour ». Il a rappelé que le droit liturgique devait avoir le primat sur les autre normes canoniques, parce qu’il sauvegarde les réalités les plus sacrées de l’Eglise. Il a déclaré également que la connaissance et le respect du droit canon sont indispensables à la réponse que doit donner l’Eglise au défi de la nouvelle évangélisation dans un monde sécularisé.
ce qu’il y a de sûr, malgré la réponse faite, c’est que le terme curé n’est jamais employé sur le site de ce diocèse. Une recherche rapide permet de le vérifier.
Faire disparaitre un mot fait aussi disparaitre ce que ce mot représente puisqu’on ne peut plus en parler; plus de paroisse plus de curé, on comprend pourquoi lorsqu’une église est vandalisée il faut appeler l’évêché