La crise moderniste du début du XXe siècle et les mises en garde du pape Saint Pie X semblent bien oubliées. Mais les erreurs les plus dangereuses sont aussi les plus subtiles. On peut le voir dans l’immanentisme, erreur qui, en schématisant, tend à faire perdre au surnaturel sa gratuité et à conférer aux créatures ce qui ne relève que de l’action divine. Cette divinisation nous serait innée. Si l’on va au bout de la logique, la sanctification, la pratique des sacrements ou même les missions deviennent purement inutiles. Une telle erreur risque d’alimenter la médiocrité ambiante et de justifier la démission des chrétiens. Pourtant, cette erreur semble s’être imposée dans la mentalité contemporaine, y compris parfois ecclésiastique, même sans le savoir. À juste titre, on peut y voir « l’hérésie du XXe siècle », selon la forte expression de Jean Madiran.
Dans un entretien donné à L’Osservatore romano, le nouveau préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Gerhard Ludwig Müller a rappelé que « la vision séculière et immanentiste ne suffit pas. Nous ne pouvons pas trouver seuls une réponse convaincante. » (Édition française, n°31, jeudi 2 août 2012, p. 6)
La référence à cette expression assez peu utilisée dans le discours ecclésial méritait d’être relevée. Le préfet appelle à se recentrer sur la Révélation. Sur un plan pratique, il conviendrait de tirer les conséquences de ce constat lucide. Et les conséquences ne manquent pas dans les différents domaines (catéchèse, liturgie, etc.)!