Les premiers chiffres et statistiques qui nous arrivent sur le vote de l’électorat catholique le 4 novembre dernier, sans être contradictoires, sont légèrement différents les uns des autres. Il
s’agit là de sondages opérés à la sortie des bureaux de vote : ils sont indicatifs de tendances mais nous devrons nous armer de patience pour obtenir une vision plus fine du vote des
catholiques.
Rappelons d’abord que le “poids” estimé de l’électorat catholique devait correspondre, cette année, à environ 25 % du corps électoral américain (d’autres sources poussent jusqu’à 27 %) fort de
228 à 230 millions d’électeurs “potentiels” (beaucoup ne sont pas inscrits sur les listes électorales, ont perdu leur citoyenneté ou leurs droits civiques). Les suffrages exprimés se sont élevés
à 121,2 millions.
Barack Hussein Obama aurait obtenu 63,5 millions de voix (52,3 %) ; John McCain, 56,1 millions (46,3 %). Les trois autres “petits” candidats ont récolté 1,6 millions de
voix (qui ne servent à rien pour la désignation des grands électeurs). J’utilise là encore le conditionnel car les chiffres (et pourcentages) varient selon les sources !
L’électorat catholique, selon Pew Forum, aurait voté, dans son ensemble, à 54 % pour Obama, et à 45 % pour McCain.
On observe que par rapport à la moyenne nationale des suffrages exprimés, les catholiques ont davantage voté pour Obama (+ 1,7 %) et moins pour McCain (- 1,3 %), soit 3 points de
différence (1 point = 1,2 millions de voix). En 2004, le rapport était presque l’inverse : 52 % pour Bush contre 47 % pour Kerry.
Le vote blanc catholique (encore légèrement majoritaire, un peu plus de 50 % de la population catholique) s’est exprimé quasiment inversement au vote catholique global : 52 % pour McCain
(selon Pew ; 51 % selon BeliefNet), 47 % pour Obama (selon Pew ; 49 % selon BeliefNet).
Considérant que les catholiques latinos représentent 90 % des catholiques non blancs aux États-Unis (environ 34 millions au total), il est facile d’en conclure que le vote catholique latino s’est
massivement porté sur le candidat Obama.
La question du choix électoral en fonction de la régularité de la pratique religieuse méritera une étude détaillée quand nous arriverons des renseignements fiables. Ce qu’on peut dire
aujourd’hui, à trois jours de l’élection, c’est que le gain d’Obama dans l’électorat catholique provient de gens qui ne sont pas des pratiquants réguliers.
C’est d’ailleurs une tendance générale tout cultes confondus. Ceux qui se rendent dans un lieu de culte au moins une fois par semaine ont voté à 55 % pour McCain et à 43 % pour
Obama ; ceux qui se rendent dans un lieu de culte parfois dans le mois ou dans l’année ont voté à 57 % pour Obama et à 42 % pour McCain ; ceux qui ne se rendent jamais dans
un lieu de culte ont voté à 67 % pour Obama et à 30 % pour McCain. Les succès d’Obama dans l’électorat croyant est inversement proportionnel à la fréquence de la pratique
religieuse. Cette loi générale devrait aussi s’appliquer, me semble-t-il, à l’électorat catholique.
Peut-on savoir pourquoi vous parlez systématiquement de Barack “Hussein” Obama, et jamais de John Sidney McCain (troisième du nom) ou Sarah Louise Heath Palin ? C’est uniquement pour montrer qu’il a des origines “ailleurs” ? Heureusement, les Américains sont légèrement moins haineux que vous, et ouverts à ceux qui leur sont différents. C’est ce qui fait leur gloire, et aussi leur puissance.