Second prélat américain à tenter de remettre un peu de bon sens dans le débat public depuis le choix de Paul Ryan par Mitt Romney, le nouvel archevêque de Denver (Colorado), Mgr Samuel Aquila a donné à Catholic New Agency le 20 août, un article très intéressant intitulé « Pour défendre la responsabilité chrétienne ». Sans apporter son soutien partisan, évidemment, à Paul Ryan, Mgr Aquila recadre le débat mais il n’hésite toutefois pas à soutenir que « les affirmations selon lesquelles le projet de Paul Ryan s’oppose fondamentalement aux enseignements sociaux de l’Église, sont sans fondement et déraisonnables ». Voici les principaux extraits de ce texte qui est, certes, d’importance pour éclairer les consciences des catholiques américains, mais qui l’est aussi pour nous Français catholiques.
La responsabilité chrétienne – parfois exprimée comme bonne intendance – c’est la pratique d’opérer des jugements prudentiels et délicats. C’est de reconnaître que nous ne pouvons pas donner tout ce que nous voudrions, que nous ne pouvons pas dépenser plus que ce que nous avons et que nous ne pouvons pas emprunter ce que nous ne pouvons pas rembourser.
La bonne intendance chrétienne a le soin des pauvres en planifiant avec prudence, en dépensant avec responsabilité de ce qui est dans le domaine du possible (…).
La responsabilité est une vertu, et elle est aussi une obligation morale pour les adultes sensés. La responsabilité est aussi une obligation morale des gouvernements. Dans son livre de 2010 Lumière du monde, le pape Benoît XVI réprimande les gouvernements occidentaux qui « vivent aux dépens des générations futures ». Concernant la dette, il écrit : « Nous vivons dans le mensonge ».
(…) Le candidat Mitt Romney a choisi le député Paul Ryan pour être son colistier. Ryan est un catholique et un conservateur fiscal. Au cours des mois qui viennent de s’écouler, il a été l’objet d’une critique considérable pour ses idées politiques. Son projet fiscal a été vertement condamné comme étant, d’une certaine manière, anticatholique – et même par quelques évêques catholiques. Au cœur de cette attaque repose l’idée que Ryan est sans compassion pour les pauvres.
Les projets fiscaux de Ryan réduiraient considérablement certains programmes [d’aide] aux matériellement pauvres. Cela toucherait gravement de nombreux Américains. Mais Ryan affirme que ses projets sont enracinés dans le sens chrétien de la responsabilité. Considérant l’avenir, soutient Ryan, sa préoccupation est pour l’intérêt à long terme des pauvres d’Amérique, ce qui exige des sacrifices pour le présent.
Je ne suis pas un expert politique. J’ignore si les projets fiscaux sont de bons projets pour l’Amérique présente et pour celle du futur. Je ne peux ni ne veux le soutenir ou soutenir un quelconque candidat. Mais les affirmations selon lesquelles le projet de Paul Ryan s’oppose fondamentalement aux enseignements sociaux de l’Église sont sans fondement et déraisonnables. Certaines critiques sont si insidieuses qu’on se demande si ces critiques ont vraiment lu les projets de Ryan.
Pour les catholiques, il y a un certain nombre de questions sociales dont les réponses sont fermes et définitives. Les catholiques doivent reconnaître la dignité de l’enfant à naître, et que le meurtre légalisé est une injustice. Les catholiques doivent reconnaître la dignité de la sexualité humaine et l’immuabilité du mariage entre un homme et une femme. Les catholiques doivent reconnaître l’option préférentielle, l’amour du Seigneur pour les pauvres. Ces questions doivent informer les décisions que les dirigeants [politiques] catholiques prennent lorsqu’ils proposent ou défendent des politiques.
Hors ces principes non négociables, il y a place pour un débat considérable sur des choix ou des initiatives politiques particulières (…).
Nous devrions avoir un débat sérieux pour savoir si les projets de Paul Ryan – et ceux de ses adversaires politiques – servent notre but national. Nous devrions discuter sérieusement pour savoir si ces projets utilisent de justes moyens. Mais nous devrions aussi discuter pour savoir si ses projets et ceux de ses adversaires, constituent une intendance prudente des ressources dont nous disposons.
Paul Ryan est préoccupé par la banqueroute prochaine de l’Amérique, et que nous devons par conséquent faire des choix drastiques. S’il a raison, et que nous ignorons son avertissement parce que ses conséquences apparaissent comme dépourvues compassion, nos affections sentimentales risquent de constituer un handicap pour ceux que le Seigneur aime le plus : nos enfants.
C’est une blague ou de l’ironie grasse? Au fond, ce que Mgr Aquila essaye de nous faire avaler et que M. Hamiche appelle “du bon sens”, c’est que le sens chretien des responsabilites exige de depouiller les plus demunis? Pour moi, la doctrine catholique est plutot contenue dans l’episode de Lazare et du mauvais riche.
@Luc Warnotte
Vous n’avez pas très bien compris ce qu’explique Mgr Samuel Aquila. Je n’ose vous inviter à aller aussi lire ce qu’a déclaré le propre évêque diocésain de Paul Ryan, Mgr Robert Morlino. Votre remarque est très sommaire et ne contribue pas au débat. Dommage.
au sujet des pauvres et des travailleurs, on peut se rapporter a l’Encyclique du Pape Leon XIII ‘Rerum Novarum’ (1891)
‘La richesse a afflué entre les mains d’un petit nombre et la multitude a été laissée dans l’indigence.’
http://www.vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_15051891_rerum-novarum_fr.html
long texte, riche d’enseignements, toujours d’actualite, qui devrait servir de fil directeur a certains. Le probleme de la pauvrete est bien resume dans cette phrase.
C’est ce que l’on appelle de la complaisance.