Hilary White, de LifeSite, rapporte un récent article d’un autre bioéthicien, Peter Singer, professeur à Princeton et l’un des penseurs mondiaux les plus influents dans ce domaine.
S’exprimant dans le cadre d’une tribune libre dans le Scotsman, il a justifié l’avortement en expliquant que « l’appartenance à l’espèce Homo sapiens n’est pas suffisante pour bénéficier d’un droit à la vie ».
« Les opposants rétorqueront que l’avortement, par sa nature même, est très dangereux – pour le fœtus. Ils soulignent que l’avortement tue un être humain vivant unique. Il est difficile de nier cette assertion – du moins si par le mot “humain” nous désignons un membre de l’espèce Homo sapiens. (…) Il est également vrai que nous ne pouvons pas simplement invoquer le “droit de choisir” de la femme pour éviter la question éthique du statut moral du fœtus. Si le fœtus avait réellement le même statut moral de n’importe quel autre être humain, il serait difficile de soutenir que le droit de la femme enceinte de choisir inclut le droit de provoquer la mort du fœtus, sauf peut-être lorsque la vie de la femme est en jeu.
L’erreur de l’argument contre l’avortement réside dans le glissement de l’affirmation scientifiquement exacte selon laquelle le fœtus est un individu vivant de l’espèce Homo sapiens vers l’affirmation éthique selon laquelle le fœtus aurait donc le même droit à la vie que n’importe quel autre être humain », écrit Singer.
Peter Singer, pionnier des droits des animaux |
Une telle prise de position a au moins le mérite de souligner qu’il est impossible de considérer l’embryon ou l’enfant à naître comme autre chose qu’un membre de l’espèce humaine. Et ce n’est qu’au prix d’une pirouette que Singer glisse vers une redéfinition de la personnalité humaine qui est la marque de fabrique de sa philosophie : pour lui, conscience et autonomie sont les critères de la personnalité, au nom de quoi il justifie aussi bien l’avortement que l’infanticide précoce et l’euthanasie qui doit viser selon lui le bien des proches survivants, incommodés, dérangés, empêchés de vivre par la proximité d’un être ayant perdu un minimum de capacités cognitives.
Cet utilitarisme des plus classiques, mais poussé à l’extrême, lui fait écrire dans The Scotsman : « Nous pouvons soutenir de manière plausible que nous ne devons pas tuer, contre leur volonté, des êtres qui désirent continuer de vivre. Nous pouvons considérer cela comme une violation de leur autonomie, ou comme une entrave à ce qui constitue leur préférence. Mais pourquoi le potentiel d’un être à devenir conscient de soi de manière rationnelle ferait-il qu’il serait mauvais de mettre fin à sa vie avant qu’il n’ait la capacité de la rationalité ou de la conscience de soi ? »
Ainsi le nouveau-né ne devrait-il être reconnu légalement reconnu comme « personne » qu’à partir du feu vert donné par ses parents ou ses soignants. « Si l’on en arrive au conflit entre les intérêts supposés d’êtres potentiellement rationnels mais pas encore conscients et les intérêts vitaux de femmes rationnelles en acte, nous devons donner la préférence aux femmes, sans exception. »
Il serait faux de croire qu’il s’agit là d’une élucubration de savant. Au contraire, c’est déjà cette idée qui est en œuvre dans la loi française sur la conservation d’embryons qui autorise leur destruction dès lors qu’ils ne font pas l’objet d’un « projet parental », ce projet parental étant largement considéré comme conférant seul humanité et droits à l’enfant pas encore né.
Soulignant que les idées de Peter Singer ont envahi à son corps défendant la sagesse populaire, Hilary White conclut quant à elle :
« Il ne s’agit pas de renverser Roe v. Wade ou l’“Abortion Act” de 1967. Il s’agit de vaincre toute une culture philosophique nouvelle, un système de pensée qui gouverne toute l’action humaine. C’est cet ensemble de nouvelles idées qui a créé le régime avortiste et pansexualiste que nous combattons, au sein du mouvement pro-vie. La révolution sexuelle n’a pas paru ex nihilo en 1965. »
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