Le site La Tribune de l’art nous informe que la destruction des biens d’église n’est pas achevée :
“La vague de vandalisme qui a touché les églises françaises dans les années 1960 jusqu’au début des années 1970 a été terrible. Le prétexte de l’application des consignes du concile Vatican II était bien pratique, alors que l’Italie, par exemple, n’a rien connu de tel. Pour soi-disant correspondre à la nouvelle liturgie, le clergé s’est attaqué au mobilier des églises sous l’œil au mieux indifférent de l’administration des monuments historiques. Des milliers d’objets (chaires, maîtres-autels, bancs d’œuvre…) ont été parfois déplacés, souvent simplement détruits. La mode était au retour à la « pureté » des édifices religieux… Ce type de pratique est-il à nouveau d’actualité ? On peut le craindre, lorsque l’on voit ce qui se passe dans certaines églises d’Auvergne, avec parfois l’assentiment du ministère de la Culture.”
L’église de Saint-Saturnin est en cours de restauration. Mais une restauration qui consiste à se débarrasser du maître-autel ! Le prêtre de la paroisse et la commission diocésaine d’art sacré ont décidé de déplacer celui-ci pour le remplacer par un nouvel autel contemporain. Toutefois, l’église a été classée en totalité en 1862, et le maître-autel en 1875. Très ancien, il est composé d’un autel datant de la fin du XVIIIe siècle, surmonté d’un retable plus ancien (XVIe ou XVIIe siècle) comprenant un tabernacle. Il s’agirait d’un don de la reine Marguerite de Valois.
Pour passer outre ces classements, il faut obtenir l’autorisation de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Madame Marie-Claude Hortefeux, la mère de l’ancien ministre de l’Intérieur, milite dans ce sens. Le ministre, quand il l’était encore, avait décidé d’appeler Arnaud Littardi, le directeur régional des affaires culturelles, ainsi que le ministre de la Culture, qui fit aussi pression sur le directeur. Le 8 février 2011, la DRAC, représentante du ministre de la Culture, donna un avis de principe autorisant le déplacement de cet autel.
Fin janvier 2012, des habitants, agacés par ce projet, ont créé l’association Sauvegarde de l’église Saint-Saturnin, bien décidée à s’y opposer. La situation est particulièrement tendue entre cette association et les quelques partisans de Mme Hortefeux, du curé et de la Commission d’art sacré. Auxquels il faut ajouter l’archevêque de Clermont, Mgr Hippolyte Simon, très enclin à faire table rase du passé, comme on peut le voir avec l’église de Ponteix (Puy-de-Dôme) :
Avant
Les défenseurs de l’église ne comptent pas en rester là. Ils se réuniront dès septembre pour informer les paroissiens. Ils ont face à eux cette coalition politico-ecclésiale, du ministère de la culture à l’évêché, renforcés par un bénédictin de Ganagobie, le frère Philippe Markowicz.