Le député du Wisconsin Paul Ryan a donc été désigné officiellement avant-hier comme colistier de Mitt Romney, candidat du Parti Républicain pour la Maison Blanche.
C’est sans doute une grande première dans l’histoire des élections présidentielles aux États-Unis. Quel que soit le vainqueur des urnes en novembre prochain, le vice Président des États-Unis sera un catholique ! Si Mitt Romney est élu, le catholique Paul Ryan sera le vice Président. Si Obama repique pour un second mandat, le catholique Joe Biden sera le vice Président… Toutefois, et il faut s’empresser de le préciser, le catholicisme de Joe Biden et de Paul Ryan n’est pas de même nature…
Joe Biden est un catholique “du dimanche”, les autres jours de la semaine, la doctrine qu’il tient et qu’il proclame est fort éloignée des enseignements de l’Église, et, pour tout dire, elle leur est diamétralement opposée. “Caution catholique” d’Obama, le vice Président Biden est la parfaite illustration – dont les exemples abondent aussi en France – de ce catholicisme d’apparence qui a rangé dans un tiroir fermé à clé les points non négociables…
Chez Paul Ryan, il en va tout autrement. D’abord parce qu’il prend très au sérieux la doctrine sociale de l’Église et qu’il est indubitable qu’elle circule comme une sève dans les fonctions parlementaires qu’il assume depuis l’âge de 28 ans ! Certes, son projet de budget a été violemment critiqué non pas par l’épiscopat américain, comme j’ai pu le lire parfois, mais par la très progressiste Commission sur la justice et le développement humain de la Conférence épiscopale, une critique à son tour éreintée sévèrement par plusieurs évêques lors de la dernière assemblée plénière de l’épiscopat, puis postérieurement par le propre évêque diocésain de Ryan, Mgr Robert Morlino de Madison (Wisconsin). On lira encore, pour se convaincre de l’inanité sonore de la Commission épiscopale, la très bonne analyse de Patrick Archbold parue avant-hier sur le site du National Catholic Register : « Sur le budget de Ryan les évêques ont tout faux » – et Paul Ryan a tout bon !
Mais ce qui distingue encore et fondamentalement Ryan de Biden, c’est son combat pour la défense de la vie. Depuis sa nomination hier, les messages de soutien des organisations pro-vie américaines ne cessent de tomber, comme celui de Wisconsin Right to Life dont Ryan a été fréquemment l’orateur de ses rassemblements : « Nous espérons poursuivre à l’avenir nos relations d’amitié de collaboration avec le député Paul Ryan quand il sera le vice Président des États-Unis. Sa vision, ses principes, son intégrité et son dévouement sincère aux valeurs de la vie serviront notre grand pays de la manière la plus éminente possible ». L’association a raison : Ryan est 100 % pro-vie. Mais il est aussi 100 % pour le mariage traditionnel, 100 % pour la liberté religieuse, 100 % pour la liberté scolaire.
Dans son combat pour le respect de la vie, signalons que le député du Wisconsin a été un des cosignataires du No Taxpayer Funding for Abortion Act (projet de loi Pas d’argent des contribuables pour financer l’avortement), qu’il s’est opposé à l’ObamaCare et a voté l’amendement interdisant tout financement fédéral de l’avortement prévu dans cette loi, qu’il a voté l’Abortion Pain Bild et le Child Interstate Abortion Notification Act, qu’il a voté contre la loi sur l’avortement par naissance partielle, qu’il a voté en 2007 contre l’autorisation d’utiliser des lignées de cellules souche d’embryons avortés pour la recherche, mais pour la recherche à partir de cellules souches ne provenant d’embryons avortés (la seule qui a donné jusqu’à présent des résultats thérapeutiques), etc.
Le député Paul Ryan a voté pour la proposition d’amendement constitutionnel visant à définir le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme, il a voté pour l’introduction du chèque scolaire pour le district de Washington (les Républicains catholiques sont pour le chèque scolaire comme je vous l’ai signalé récemment avec mon dernier papier sur le gouverneur Bobby Jindal), il a voté le Religious Liberty Protection Act de 1999, et s’est opposé fermement au HHS Mandate du gouvernement Obama, ce décret liberticide face auquel les évêques américains, sans aucune exception, font front commun.
Le choix de Ryan par Romney va, de toute évidence, donner un coup d’accélérateur à sa campagne qui s’essoufflait – les derniers sondages montrent Romney ramant derrière Obama – et va la tirer, enfin !, vers le haut… C’est un tournant dans la campagne. Peut-être le tournant…
Pour l’histoire et ci-dessous en deux parties, le discours d’acceptation de Paul Ryan devant le USS Wisconsin…