Roger Kimball, né en 1953, est un américain critique d’art, notamment pour la National Review, et un chroniqueur sur les questions de société. C’est un intellectuel célèbre aux États-Unis qui dirige la revue The New Criterion et les éditions Encounter Books. Il est l’auteur de près d’une dizaine d’ouvrages sur l’art, la culture, la littérature, la politique ou l’éducation. Son dernier ouvrage The Fortunes of Permanence: Culture and Anarchy in the Age of Amnesia (les chances de la permanence : culture et anarchie dans un temps d’anarchie) est paru en juin dernier chez St. Augustine’s Press : il y offre ses réflexions sur le relativisme, la tyrannie, la culture, Chesterton, la religion… Sur ce dernier thème, il vient d’accorder le 30 juillet, un long et passionnant entretien à Catholic Word Report (CWR), dont je reprends une question de CWR et sa réponse que je trouve de grand intérêt de la part de cet analyste perspicace des tendances tant dans la société que dans le catholicisme américains.
CWR. Vous soulignez, en différents endroits [du livre] qu’il y a dans notre pays des signes de renouveau religieux et de vrai intérêt pour l’orthodoxie [catholique]. Pourriez-vous nous indiquer quelques uns de ces signes ? Qui ou quels sont les principaux ennemis de ce renouveau et de cet intérêt ?
R.K. Pour me limiter à un seul exemple, je pense que le nouvel intérêt pour la Messe tridentine chez les catholiques est un de ces signes. Pendant plusieurs années, mon épouse et moi avons eu le privilège d’assister à la Messe avec Bill Buckley [William F. Buckley, 1925-2008, fondateur de la National Review] dans une petite chapelle à Stamford [Connecticut]. Le prêtre faisait une heure et demie de route presque tous les dimanches pour célébrer la Messe en latin de l’ancien rite pour quatre ou cinq d’entre nous. Quand Bill a commencé [à assister à la Messe traditionnelle], la Messe tridentine se faisait de plus en plus rare, c’était un exercice pratiquement verboten. Elle a fait un grand retour et manifeste, le je pense, un profond renouveau religieux de notre culture. Bien sûr, il y a beaucoup de preuves compensatoires, mais je crois que le goût pour ce rite majestueux est un phénomène réconfortant.