En dépit de nombreux sondages qui annoncent le contraire, John McCain a de plus grandes chances de l’emporter sur Barack Obama le 4 novembre prochain, car « le Parti républicain
a un mode de sélection de son candidat plus démocratique et a donc sélectionné le candidat le plus fort, alors que le système adopté par le Parti démocrate promeut les désirs de sa direction
politique qui a sélectionné le candidat le plus faible ».
Celui qui s’exprimait ainsi à Denver, le 23 septembre dernier, pour la troisième édition des Casey Series of Lectures, organisée par cet archidiocèse du Colorado sous la houlette de Mgr
Charles Chaput, n’est pourtant ni un Républicain ni un homme de la droite conservatrice ou néo-conservatrice. C’est tout le contraire. Le jeune Mark Stricherz (photo) – il est né en 1970 à San Francisco – est un Démocrate qui pense et penche plutôt à gauche. Mais c’est d’abord un catholique pratiquant, paroissien
régulier avec son épouse et sa fille de la paroisse St. Peter à Washington, et donc un ardent défenseur de la vie.
Cet écrivain et journaliste a publié en octobre 2007 chez Encounter Books, un ouvrage d’exception intitulé Why the Democrats are Blue [1] dont il a repris l’argument lors
de sa conférence de Denver. Pour Stricherz, le Parti démocrate a connu une véritable prise de pouvoir par la force d’une élite hostile à la religion et aux valeurs que cette organisation
politique prônait autrefois : « Cette transition historique a transformé un Parti démocrate proche du catholicisme en ce parti favorable aux droits à l’avortement que nous connaissons
aujourd’hui ». Une transition que l’on peut dater de la fin des années 1960 et sans doute, plus précisément, de la manipulation, par des idéologues militants, de la Commission
McGovern qui, en 1968, souhaitait démocratiser le processus de désignation des candidats démocrates aux Primaires et qui a abouti à son exact opposé.
Stricherz en donne un exemple particulièrement significatif. Les « caucuses » (forme que peuvent prendre les Primaires dans certains États) qui se tiennent dans l’Ohio sont
convoqués de 19 h à 21 h. Un tel horaire « exclut de la consultation les gens ordinaires comme ceux qui font les trois-huit, les hommes et les femmes des forces armées, les jeunes mères de
famille » avec pour conséquence « que 56 % de ceux qui participent à ces caucuses sont des gens pro-choix » et qui vont donc désigner des délégués sélectionner un candidat qui le
sera aussi. C’est ainsi que la voix des militants démocrates pro-vie ne peut guère se faire entendre et que les pro-vie du Parti sont tellement marginalisés qu’ils ne peuvent pas peser sur la
plateforme du Parti dans le sens d’une défense de la vie.
Dans un commentaire publié le 15 septembre dans l’hebdomadaire jésuite America, Mark Stricherz assénait également quelques bonnes vérités aux catholiques du Parti démocrate
qui, tels David Gibson ou Douglas (Doug) W. Kmiec, soutiennent que le programme d’Obama est plus pro-vie que celui de McCain ! C’est évidemment faux, ne
serait-ce que parce que la plateforme du Parti démocrate continue à défendre l’augmentation du financement public de l’avortement, notamment par le truchement de Medicaid. Toutes les
études démontrent que Medicaid a fait progresser le nombre des avortements de 10 % ! D’autres études démontrent a contrario que des aides publiques directes ou indirectes aux
familles, d’un montant de 1 350 US$ par an, permettent une réduction de 31 % du taux des avortements. En outre, la plateforme du Parti démocrate et ses dirigeants s’opposent systématiquement à
toute disposition législative susceptible de protéger l’enfant à naître ce qui, rappelle Stricherz, s’oppose frontalement à l’enseignement de l’Église.
« Si Roe [vs. Wade] était aboli, conclut Stricherz dans son article d’America, des dizaines d’États feraient plus qu’interdire l’avortement par naissance partielle
ou passer des lois pour garantir le consentement parental [en cas de grossesse chez une mineure]. Ils interdiraient tout avortement de “commodité”. Interdire de tels avortement n’est pas
seulement possible – plus des trois cinquièmes des Américains y sont opposés – mais souhaitable car 90 % des avortements pratiqués le sont pour des motifs de “commodité” ».
[1] Qu’on pourrait traduire par « Pourquoi les Démocrates ont le cafard ». L’auteur joue ici sur deux sens de blue : le cafard mais aussi la couleur bleue par laquelle on qualifie les États
majoritairement démocrates, le rouge étant la couleur des États majoritairement républicains. Analystes politiques et spécialistes des élections parlent donc des Blue States et des Red States. Le
sous-titre de l’ouvrage en révèle bien l’argument et le contenu : Comment la gauche laïciste s’est emparée de force du Parti du peuple (autre qualificatif du Parti démocrate
autrefois).
Ciel! L’horaire “sélectif” il fallait y penser! Chapeau!
Oui c’est cette même “laïcité” -entendre athéisme en fait- qui étend partout ses tentacules, et veut nous voir adorer la créature, à la place du Créateur. Elle érige en péché moderne toute atteinte à la nature. On tue les foetus, mais on nous parle du “droit des animaux” après ceux de l’homme déresponsabilisé. A quand les droits de la pluie, de la lune, du printemps, du mercredi?
L’ennui c’est que l’on n’arrête pas le progrès, quelque sens qu’il emprunte.