presse française. C’est une boussole montée à l’envers…
Le choix surprenant de Sarah Palin, gouverneur de l’Alaska et 100% pro-vie, par McCain, pour être la Vice Présidente de son “ticket” a, comme l’écrivait hier Pat Buchanan,
« déclenché une explosion d’enthousiasme chez les conservateurs, les évangéliques, les catholiques de tradition, les détenteurs d’armes à feu, les défenseurs de la vie, qu’on n’avait pas
constaté depuis des décennies ».
C’est un premier fait. Surprenant, ce choix l’est. Car Sarah Palin n’était pas, jusqu’au jour de sa désignation, une personnalité politique d’envergure nationale et de premier plan aux
États-Unis. Toutefois, et sans entrer dans trop de détails, elle n’était pas non plus une parfaite inconnue… Avant de partir pour un long week-end dans le Berry, j’avais eu le temps, repassant
par mon bureau, au matin du vendredi 29 août, d’imprimer les résultats d’un sondage en ligne organisé par Newsmax et diffusé la veille – donc également la veille de sa désignation. La
question était : « Qui McCain devrait-il choisir comme co-listier pour la présidentielle. Choisissez une des personnalités ci-dessous ». Or, Sarah Palin figurait sur la liste
pré-établie par Newsmax, signe qu’elle n’était pas complètement inconnue et que son nom avait déjà circulé. Certes, Mitt Romney était en tête du choix de ce public conservateur avec
45,7 %, mais Sarah Palin figurait déjà en sixième position avec 3,2% des votes, après Joe Libermann (4,7 %), ce juif américain démocrate et milliardaire, ami de McCain, et
légèrement avant Bobby Jindal (2,9 %), le jeune et talentueux gouverneur catholique de la Louisiane, dont on va reparler d’ici à quatre ans, faites-moi confiance ! J’enrage donc de n’avoir
eu le temps d’étudier le dossier de Sarah Palin, mais, que voulez-vous, quand les trains ne sont pas en grève, ils partent à l’heure. Frustrant.
Un sondage en ligne de Zogby Interactive, révélé hier, nous offre la première tendance de l’électorat américain après “l’effet Palin”. Et elle est du plus grand intérêt.
D’abord parce que le tandem McCain/Palin semble avoir permis aux Républicains de “refaire leur handicap”, comme on dit dans le langage sportif, sur le tandem Obama/Biden.
McCain et Obama semblent désormais à égalité, dead heat, comme on dit en anglais, c’est-à-dire ex-æquo en gallo-romain… On est donc loin, très loin des sept ou
huit points d’avance que certains sondages partisans, relayés par les gogos et bobos de la presse française, attribuent à Obama sur McCain.
La question posée par Zogby Interactive était la suivante : Pensez-vous que le choix de Sarah Palin va favoriser ou défavoriser les chances de victoire de McCain pour la
Présidentielle ?
Réponse globale : 1. Va favoriser : 52 % ; 2. Va défavoriser : 29 % ; 3. Cela ne fait aucune différence : 10 %.
Rappelons que la même question avait été posée par Zogby Interactive lors du choix de Joe Biden par Obama. Les réponses étaient : 1. Va favoriser : 43 % ; 2. Va défavoriser :
23 %. Choix plus mauvais, donc. Attention ! Il s’agit là de l’expression d’une opinion du sondé sur l’effet et non pas sur son choix.
Voyons à présent une réponse sectorielle particulière : celle des catholiques.
Les réponses sont : 1. Va favoriser : 54 % ; 2. Va défavoriser : 31 % ; 3. Cela ne fait aucune différence : 7 %.
Les réponses catholiques sont, en gros, dans la “fourchette” (la marge d’erreur sur ce type de sondage étant de ± 2,2 %).
Mais ce sondage présente une tendance encore plus intéressante, s’agissant là d’une opinion personnelle du sondé et non pas de l’opinion qu’il a sur l’opinion générale… 22 % (c’est-à-dire presque
le quart !) des électeurs qui ont soutenu Hillary Clinton lors des primaires, ont décidé de soutenir désormais McCain – depuis le choix de Sarah Palin. C’est plus important
que tout ce qu’on avait lu jusqu’à présent en matière de report de voix de la démocrate Clinton sur le républicain McCain. Pour valoir ce que de droit, comme on dit…
Extrait de La Croix du 3 septembre 2009