Le 12 janvier, j’évoquais la possible nomination de Mgr Gerhard Ludwig Müller, évêque de Ratisbonne, comme nouveau Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Comme les lecteurs le savent, c’est chose faite depuis la semaine dernière, Mgr Muller devenant par là-même Président de la Commission théologique internationale et de la Commission Ecclesia Dei.
Âgé de 64 ans, théologien, Mgr Muller est souvent présenté comme un progressiste du fait de son amitié pour le père Gustavo Gutiérrez, figure capitale de la théologie de la libération. Il n’en faut pas plus pour que circulent sur son compte diverses “preuves” de son modernisme voire qu’il soit accusé d’hérésie comme le fait le district d’Italie de la Fraternité saint Pie X d’Italie. J’ai moi-même présenté ces déclarations problématiques ici.
Sont reprochés à Mgr Muller, je le disais, des propos “contre la virginité de la Très Sainte Vierge Marie” et “contre le dogme de la trassubstantiation” et des considérations sur “les protestants comme partie intégrante de l’Église”.
En contrepoint, il n’est pas inintéressant de rappeler la ferme action de Mgr Müller en défense de la vie innocente – et que rappelait récemment ma consoeur Jeanne Smits.
Il n’est pas inintéressant non plus de lire ce que dit le vaticaniste Andrea Tornielli sur le nouveau préfet. Tornielli a interrogé sur ces points précis don Nicola Bux (que nous avons nous-mêmes interrogé récemment) qui explique qu’il “est facile de condamner quiconque” avec des propos tirés du contexte dans lequel ils ont été tenus ou publiés.
Renouvelant son appel du 19 mars à la FSSPX, don Nicola Bux rappelle que
Tout vrai catholique doit faire confiance au Pape.
Il introduit ensuite un intéressant élément d’appréciation du rôle que l’on attend désormais – et le Pape en premier lieu – de Mgr Muller : soulignant que les écrits de celui-ci appartiennent à sa période de théologien, don Nicola Bux distingue utilement la théologie de la doctrine: “Un théologien ne produit pas de doctrine, du moins pas immédiatement” dit-il à Tornielli. Et de préciser, pour ceux qui n’auraient pas compris :
En tant qu’évêque, il [Mgr Muller, NDLR] devait défendre et diffuser non pas sa doctrine mais celle de l’Église, et je crois que c’est ce qu’il a fait. Et c’est ce qu’il devra continuer à faire à la Doctrine de la Foi, sous la conduite du Pape.
Le chroniqueur de l’hebdomadaire britannique Catholic Herald, William Oddie, invite lui aussi ses lecteurs à faire confiance au Pape, qui est le responsable du choix de Mgr Muller. Parmi les preuves de la proximité entre les deux hommes, Oddie cite notamment le fait que c’est à Mgr Muller que Benoît XVI a confié la direction de la publication de ses principaux écrits et suggère qu’à leur amitié s’ajoute une grande connivence intellectuelle.
L’homme du Pape sera-t-il à la hauteur de la confiance placée en lui par le Saint-Père ? Je dirais pour ma part que la façon dont il va gérer l’issue de “l’affaire saint Pie X” devrait rapidement nous donner un élément de réponse…
C’était temps. Pourquoi ce retard à parler de cette nomination ?
Merci ! :-)
Si, “pour ceux qui ont compris”, en tant qu’évêque, Mgr Muller “devait défendre et diffuser non pas sa doctrine mais celle de l’Église”, et ne l’a donc pas fait, – sinon, comme vous le soulignez, à quoi bon cette remarque ? -, comment se fait-il que l’on choisisse, pour assumer une telle responsabilité, quelqu’un qui ne s’est pas montré irréprochable ? La défense du dépôt de la foi ne vaut-elle pas mieux que cela ? Le mystère reste pour moi entier.