Les catholiques se sont risqués très tôt à la réalisation de films, mais bien timidement et avec des résultats souvent peu convaincants. Le plus vieil exemple est français puisque dès 1897, la Maison de la Bonne Presse produisait des films muets qui, d’après ce que j’ai lu – car je n’en ai vus aucun –, étaient un peu prêchi-prêcha et, partant, contreproductifs. Aux États-Unis, ce sont essentiellement les dénominations protestantes qui réalisent des films même si quelques entités catholiques en produisent comme Paulist Pictures, de la Société missionnaire de Saint-Paul Apôtre (Societas Sacerdotum Missionariorum a Sancto Paulo Apostolo, CSP), fondée à New York en 1858, ou, plus récemment les Légionnaires du Christ qui ont coproduit le film Bella, l’Opus Dei There Be Dragon (qui raconte la vie de leur fondateur saint Josemaria Escriva), ou encore les Knights of Columbus qui ont participé au financement de For Greater Glory sorti sur les écrans mexicains et américains cette année.
Mais le nouveau projet dont le monde catholique américain commence à bruire est tout à fait différent et constitue, à sa manière, une grande première. Pour la première fois dans l’histoire du catholicisme américain, un projet de film de cinéma est lancé par une paroisse américaine, en l’occurrence la paroisse St. Catherine of Sienna d’Atlanta (Géorgie), une des plus grosses paroisses du diocèse : elle compte quelque 3 000 familles inscrites.
Un de ses paroissiens, Kevis Antonio, qui est aussi un réalisateur de film (on lui doit le documentaire Bread of Life) et a fondé Rising Faith Productions, a assisté l’an passé à une projection de presse du film Courageous produit et réalisé par une église baptiste de Géorgie. Sortant de cette projection, Kevis Antonio s’est dit : « Pourquoi les catholiques ne feraient-il pas eux aussi des films ? C’est formidable de soutenir des films que nous pouvons emmener nos enfants voir, mais si une église baptiste est capable de combler un manque que Hollywood néglige, pourquoi l’Église catholique demeure-t-elle si en retrait ? Nous avons le plus grand réseau au monde ».
D’où l’idée de Kevis Antonio d’impliquer sa paroisse dans la réalisation et la production d’un film de long métrage qui devrait s’intituler Five Blocks Away (cinq pâtés de maison plus loin), idée qui a soulevé l’enthousiasme des paroissiens et celui du curé, le P. John Matejek qui en est devenu un ardent promoteur. Le synopsis de ce film me semble d’intérêt. Un jeune homme, Anthony Seton, consacre toute son énergie à la réussite de son affaire de marketing qu’il dirige avec trois amis. Ses objectifs sont de se payer un gros salaire, de faire la fête et de mener un grand train de vie. Mais la vie va lui mener un autre train… De nouvelles relations, notamment une jeune femme et les questions de foi qu’elle soulève, la dislocation de sa famille et des problèmes légaux liés à son activité professionnelle, vont complètement bouleverser sa situation et l’amener à réfléchir sur le vrai sens de l’existence et sur ce qui compte dans la vie.
Le budget du film est estimé à un demi million de dollars, et la maison de production ad hoc qui a été constituée pour financer le projet, Sienna Pictures – du nom de la paroisse – a lancé une souscription dont les résultats sont encore modestes (moins de 8 000 $ récoltés à ce jour). Cela peut s’expliquer par le fait qu’il n’y a eu aucun précédent à cette initiative, mais je ne doute pas que les souscriptions vont grimper et que, Dieu aidant, le projet sera réalisé même si je ne suis pas persuadé que la date de sortie en salles annoncée – printemps 2013 – pourra être maintenue. En tout cas, c’est un magnifique projet que la vidéo ci-dessous explique avec les commentaires de Kevis Antonio et Richard Martin – un des producteurs du film – lui aussi paroissien de St. Catherine of Sienna, et dont le scapulaire qu’on voit dépasser de son polo dit assez à quel sorte de catholique nous avons affaire…
[media id=105 width=460 height=269]