Il y a longtemps que je n’ai pas évoqué le travail remarquable d’enquête sur l’application du motu proprio Summorum Pontificum en France, réalisé par l’association Paix liturgique. On sait que celle-ci est devenue comme le « poil à gratter » de l’épiscopat français, même si elle ne vise finalement qu’à obtenir l’exercice d’un droit.
Son arme secrète ? Elle n’a au fond rien de révolutionnaire puisqu’elle se nomme l’information. Le manque de clarté concernant la situation réelle des célébrations de la forme traditionnelle en France a débouché sur des enquêtes locales ainsi que sur la commande de sondages professionnels, chargés de prendre la température, secteur après secteur, de la demande réelle de messe traditionnelle. Dire que ce travail ne plaît pas à tout le monde est presque en-dessous de la vérité. Certains responsables ecclésiaux redoutent Paix liturgique alors qu’une discussion en bonne et due forme aurait souvent permis de collaborer pour l’améliorer des situations de terrain.
Le terrain ? C’est donc le maître mot de Paix liturgique. À cet égard, la dernière lettre parue de l’association apporte un éclairage très intéressant concernant la situation parisienne, et plus exactement, celle de la paroisse Saint-Georges-de-La-Villette qui a la particularité d’être la première paroisse du diocèse à avoir appliqué le motu proprio le soir même de son entrée en vigueur.
Cinq ans après l’entrée en application du texte pontifical, la situation n’est guère brillante. Le curé qui avait célébré la messe traditionnelle dans cette paroisse a doucement été invité à aller développer ses projets ailleurs. Car non content d’être attaché à la liturgie traditionnelle, il était missionnaire et escomptait dans cette partie très populaire du diocèse relancer une véritable audace missionnaire en s’appuyant sur le triptyque : liturgie romaine, catéchisme traditionnel et patronage. Un ensemble peu satisfaisant pour le diocèse de Paris, ce qui explique que l’ex-curé de Saint-Georges se retrouve aujourd’hui dans le diocèse de Toulon, en compagnie d’un autre ex-prêtre parisien.
Malgré tout, la messe en forme extraordinaire est toujours célébrée en semaine à Saint-Georges. Voici ce qu’écrit à ce sujet Paix liturgique :
Une quinzaine de fidèles en semaine depuis quatre ans mais au minimum une soixantaine lors des messes tombant un jour de fête et jusqu’à 120 le mercredi des Cendres 2011 : la messe de Saint-Georges est la traduction vivante des résultats de nos sondages. Dans toutes les paroisses de France, si la forme extraordinaire est proposée de façon paisible et généreuse (en l’occurrence, la présence du curé comme diacre et prédicateur), les fidèles répondent présents. (Notons que Mgr Chauvet, alors vicaire général de Paris, déclarait en 2008 qu’une pareille fréquentation dans une paroisse populaire était tout à fait exceptionnelle…)
Cependant, seule une poignée d’entre eux acceptent de sortir de leur silence habituel pour faire valoir leur droit à la liturgie traditionnelle, établi par Benoît XVI avec le Motu Proprio de 2007. Il n’est pas naturel pour une majorité de fidèles de demander, de revendiquer même un dû à leurs curés. L’absence de demande exprimée ne traduit en rien les aspirations réelles des fidèles.2) Saint-Georges-de-la-Villette se situe dans l’est parisien (19ème arrondissement) avenue Bolivar, entre les Buttes-Chaumont et la place Stalingrad. C’est un quartier où HLM et immeubles haussmanniens alternent, un quartier « de très grande mixité sociale » comme disent les technocrates, « à la population bigarrée » comme ne disent plus les écrivains. D’ailleurs, sur les trois messes dominicales de la paroisse, l’une est dédiée à la communauté haïtienne. Et, aux messes Summorum Pontificum tombant lors d’une festivité, la présence haïtienne est visible parmi l’assistance. Comme à Notre-Dame-de-Clignancourt où célébrait l’abbé Horovitz – parti à Fréjus-Toulon avec le Père Blin –, le diocèse bloque encore tout essor de la forme extraordinaire. Il n’est pas impossible que les cadres diocésains estiment, sans y être allé voir, que seuls les fidèles blancs ” de souche ” des quartiers bourgeois étaient intéressés par la messe en forme extraordinaire. Le succès des célébrations de la forme extraordinaire du rite romain dans ces quartiers populaires, aujourd’hui dans le 19ème, hier à Nanterre, perturbent en effet les préjugés des ennemis de la paix qui aiment entretenir une vision politique et sociologique de la liturgie.
On lira sur le site de l’association la suite de cette analyse, notamment en ce qui concerne le refus des instituts Ecclesia Dei dans ce diocèse de Paris. Un refus qui date de l’époque de Mgr Lustiger et qui n’a pas varié d’un iota depuis. À Paris, à défaut d’être traditionnel, on est conservateur…
Si la messe en latin ne plaisait qu’aux “blancs” des couches sociales favorisées” pourquoi des prêtres ecclesia dei, sans parler bien sûr des lefebvristes, auraient des paroisses très actives et florissantes dans le monde entier et notamment “le tiers monde” avec des fidèles qui sont de toutes les couleurs sauf blancs et qui ne sont pas des riches mais aussi des pauvres?
Pourquoi les pauvres qui ne vivent pas dans de belles maisons et des beaux quartiers ne pourraient pas avoir la joie de magnifiques messes pleines de splendeur pour l’honneur du Seigneur?
Et pourquoi les pauvres n’auraient-ils pas le droit de donner une offrande même très modeste pour une belle église, des belles fleurs, de beaux ornements pour les prêtres? c’est leur argent et c’est leur liberté?
Cette hostilité systématique de la tres grande majorité des eveques de la CEF est emblématique .
La messe latine constitue une “menace” pour les déistes
qui ont pris le controle des leviers de l’Eglise de France.
Seuls les indécrottables naifs ne veulent pas le voir.
« À Paris, à défaut d’être traditionnel, on est conservateur… »
Conservateur ?
OUI, mais dans la réforme de la liturgie !
Et je vais me répéter : la réforme n’est-elle pas déjà faite, ne s’appelle-t-elle pas le protestantisme.
C, vous avez bien raison. En 1985 déjà, une enquête publiée dans Itinéraires avait montré que l’attachement à la liturgie traditionnelle était plus forte à mesure que les personnes concernées avaient fait moins d’études. Ceci démonte évidemment complètement l’image de “la messe en latin, messe pour intellos et pour une caste d’élitistes”. Si on est de bonne foi (c’est le cas de le dire), il faut reconnaître que cette richesse du culte divin est la richesse de tous, pauvres compris.