Je le disais dans un précédent article (« ce que Mgr Fellay a signé »), le 15 avril dernier, après avoir longtemps pesé les diverses voies, Mgr Fellay avait pris sa décision : il signait une Déclaration doctrinale immédiatement louangée par la Commission Ecclesia Dei et, selon le blogue italien Messa in latino, par le secrétariat du Pape.
En outre, pour montrer au maximum sa bonne volonté, il convenait, dans un entretien publié le 8 juin par DICI, que le dernier obstacle canonique (l’intervention des évêques du lieu, lors des nouvelles implantations de la Prélature Saint-Pie-X) n’était pas à majorer. Enfin, il entreprenait d’écarter de sa Fraternité tous ceux qui se rebellaient contre cette ligne prudentielle.
Or, dans le même temps, le 13 juin, le cardinal Levada remettait à Mgr Fellay un nouveau document où, concernant la nouvelle liturgie et les points débattus du Concile, il tentait in extremis, selon une tactique classique dans les négociations difficiles, mais particulièrement risquée en l’espèce, de faire remonter la barre. Ce que bien entendu Mgr Fellay s’est refusé d’accepter.
Toutes choses qui apparaissent clairement, ou en filigrane, dans la lettre du 25 juin, adressée par l’abbé Thouvenot, secrétaire général de la FSSPX, aux supérieurs de districts, séminaires et maisons autonomes, et qui a immédiatement « fuité » (d’abord en anglais) sur Internet. On en trouvera la copie ci-après.
Le plus fort dans la posture accordiste de Mgr Fellay est que, au risque parfaitement assumé par lui des plus grands désordres provoqués par son « opposition », non seulement il exclut les membres rebelles, non seulement il écarte du chapitre général de juillet un des évêques de sa Fraternité, mais encore il refuse d’ordonner prêtres des membres de communautés amies (capucins de Morgon, dominicains d’Avrillé), qui s’écartent de sa ligne.
Qui est une ligne de crête : oui à un accord sur les bases du document du 15 avril – de fait accepté sauf modifications de détails par l’autre partie, le Saint-Siège –, non à la reddition sans condition proposée le 13 juin.
Dans ce nouveau rebondissement, on se trouve dans un nouveau cas de figure totalement inédit :
- Depuis la levée des excommunications du 21 janvier 2009, on avait une FSSPX, qui avait cessé d’être anti-légale, mais non légale.
- Depuis la Déclaration doctrinale du 15 avril et de tous les actes posés en conséquence par Mgr Fellay, on a désormais une FSSPX accordiste, mais non accordée.
À suivre, comme on dit dans les feuilletons romains…
on pourrait penser que Rome n’a pas besoin de FSSPX ;pourtant en voyant l’athéisme se répandre il me semblait que l’Eglise avait besoin de renfort ; cela parait une erreur on compte sur l’islam pour répandre la foi en Dieu
je ne comprends pas votre commentaire. Le “Préambule doctrinal du 15 avril” a été remplacé par un autre le 13 juin, un autre que Mgr Fellay ne peut pas accepter et différent de celui qu’il acceptait.
La balle n’est donc plus tellement à Menzingen maintenant mais à Rome et la nomination surprise et un peu décoiffante (!) de Mgr di Noia comme vice-président de la C.E.D. apparaît comme une tentative presque désespérée du pape de sauver ce que le cardinal Levada a sinon coulé le 13 juin du moins gravement endommagé.
Le chapitre général de la FSSPX s’ouvre le 7 juillet : Mgr di Noia va devoir faire très vite pour que mettre des canots de sauvetage à la mer avant que le Titanic ne sombre et entraîne le pontificat au fond de l’océan des espoirs déçus.
L’ahurissante nomination en parallèle de Mgr Roche, un ennemi acharné de la Tradition et de la Forme extraordinaire, comme secrétaire au Culte divin laisse aussi penser que le pape a définitivement renoncé à réformer la Forme ordinaire.
Il est vrai qu’à part les traductions qui peinent à être révisées (seul l’anglais a achevé le travail), le pontificat est marqué par une absence de réforme réelle – je parle des livres liturgiques – depuis maintenant 7 longues années.
Dans l’attente de mieux, tout ceci me semble guère canonique, donc de ce point de vue, toujours aussi peu traditionnel…
Après avoir désobéi au successeur de Pierre pendant des années, c’est sûr que la FSSPX va avoir des difficultés à demander l’obéissance à tous.
Mais qui prie et intercède assez pour l’unité?
Ce qui semble troublé dans cette affaire, c’est cette tactique de changement sur les accords au moment de la signature. De qui vient cela? Je me pose des questions….Y aurait-il scission, opposition entre le pape et d’autres prélats romains comme la Curie par exemple?
Merci pour vos informations assez objectives. Malheureusement l’esprit de la révolution n’épargne personne et l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ca fait longtemps que les évèques Français nommés par le gouvernement Français plus que par Rome font ce qu’ils veulent… et que l’Eglise n’est plus que le fantôme de l’unité de pensée (la forme s’est bien, la liturgie aussi mais… le coeur du Christ disous l’obéissance dans l’Amour). Au demeurant la liturgie est le chemin le plus sur pour arriver au véritable Amour de de Dieu et tout le trabalal des démons en nombre comme en bigophone n’y pourra rien ! Mois aussi je veux que tous le monde se sauve mais en ces temps… je fuirais les honneurs du monde parce que les hommes sont rebelles … la faute aux bombes nuclaires ?
J’avoue ne pas toujours comprendre certaines difficultés théologiques de part et d’autre dans le souci de rapprochement de la Fraternité saint Pie X; je peux, cependant en m’exprimant avec le coeur et la raison estimer que cela serait un bienfait que la Fraternité saint Pie X revienne, ayant trouvé un accord raisonnable, dans le giron de l’Eglise ! Le temps n’est plus à la division mais à l’unité grandissante. J’espère qu’un compromis acceptable sera trouvé. Je prie pour cela…..un seul berger, un seul troupeau. Que l’Esprit-Saint nous écaire tous ! Gloire à Dieu.