Quand j’étais un tout petite garçons, voilà un bon paquets de lustres, un fabricant de batteries électriques domestiques commercialisées sous la marque Wonder, avait sorti une pile plate destinée à des boîtiers de lampes électriques du même industriel. Mes deux grands frères m’avaient enseigné qu’en mettant concomitamment les deux languettes métalliques – dont j’apprendrai beaucoup plus tard que l’une constitue un pôle positif et l’autre le négatif – sur la langue on ressentait, sans risque d’électrocution, un picotement assez drôle. Passant du cours théorique à l’expérience pratique, je m’appliquai à vérifier par moi-même le postulat. En effet, ça piquait mais dire que c’était drôle… Cela ne remplacerait jamais, pensai-je, le chouette effet astringent des sachet de Mistral qu’on aspirait avec une paille en réglisse. Ce fut, je crois, la première et la dernière fois que je me livrai à une expérience scientifique sur un curieux fluide qui n’est pas gratuit et qu’on appelle l’électricité. Pour en revenir à l’industriel, ce judicieux fabricant avait fait inventer par son service de réclames une sorte de devise qui proclamait fièrement : « La pile Wonder ne s’use que quand on s’en sert ». L’alexandrin était un peu irrégulier (7, 5), mais facilement mémorisable. La preuve, c’est que soixante ans après, je m’en souviens encore. « La pile Wonder ne s’use que quand on s’en sert »… Il y a une certaine profondeur philosophique, qui m’avait échappée alors, dans cette phrase et que l’on peut appliquer à bien des domaines de la vie. Et adapter. Salva reverentia, c’est ce que l’excellent archevêque de Philadelphie (Pennsylvanie), Charles Chaput, vient d’expliquer avant hier aux membres de la Catholic Press Association, la veille du lancement de la campagne des évêques américains Fortnight for Freedom. « Si nous ne travaillons pas dur pour conserver notre liberté religieuse, nous finirons par la perdre » leur a-t-il déclaré. La liberté elle, peut s’user, quand on ne s’en sert pas… Et il a poursuivi : « Rien ne nous garantit nos liberté sinon notre disponibilité à lutter pour elles (…) ce qui veut dire combattre au plan politique et devant les tribunaux [allo ? allo ? Jean-Pierre Denis, vous entendez cela ?] inlassablement et sans demander pardon (…). Demain [c’est-à-dire avant-hier] nous commençons la Quinzaine pour la Liberté. C’est l’occasion pour chacun d’entre nous d’exprimer sa gratitude à nos évêques pour avoir fait la bonne chose… au bon moment. Si ne faisons pas pression maintenant et de manière vigoureuse pour notre liberté religieuse dans l’espace public, nous la perdrons. Pas du jour au lendemain, pas sur un claquement de doigt, mais étape par étape. Chacun de vous [les journalistes catholiques] joue un rôle clé, un rôle vital dans et effort, car les médias prestigieux, à quelques rares exceptions près, ne couvriront pas cette campagne d’une manière honnête et approfondie ».
L’archevêque a ensuite développé cinq points d’importance.
. « La liberté religieuse est la pierre angulaire de l’expérience américaine. C’est tellement évident qu’autrefois on n’avait même pas besoin de le dire. Les temps ont changé… ».
. « La liberté de religion c’est plus que la liberté de culte. Une vraie foi porte toujours du fruit dans le témoignage public et l’action publique. Sinon, ce sont juste des mots vides de sens. [Les pères fondateurs] ont créé une nation conçue par avance pour dépendre de la conviction morale des croyants moraux et pour accueillir leur participation à la vie publique ».
. « Les menaces contre notre liberté religieuse ne sont pas imaginaires. Elles se manifestent maintenant même. Elles sont immédiates, graves et réelles ».
. « Si nous ne travaillons pas dur pour conserver notre liberté religieuse, nous finirons par la perdre. C’est déjà arrivé dans d’autres nations développées, la Grande-Bretagne, le Canada [j’oserais ajouter en France aussi, mais ça ne remonte pas aux toutes dernières années…]. Rien ne nous garantit nos liberté sinon notre disponibilité à lutter pour elles ».
. « La politique et les tribunaux c’est important (…) mais en dernière analyse notre liberté religieuse dépend de l’ardeur de notre foi catholique. Pour le dire autrement : comment nous y croyons profondément et comment nous la vivons honnêtement. La liberté religieuse est une coquille ville si le noyau spirituel d’un peuple est mou » et « c’est la raison pour laquelle le pape Benoît XVI nous appelle à une année de la foi à partir d’octobre prochain (…) Les pires ennemis de la liberté religieuse ne sont pas autour de nous dans cette légion de critiques qui haïssent le Christ ou l’Évangile ou l’Église, ou les trois ensemble. Les pires ennemis sont ici même. C’est nous. Nous tous. C’est le clergé, les religieux et les laïcs quand nous vivons notre foi dans la tiédeur, la routine et l’hypocrisie » !
Et l’archevêque à conclu ainsi son roboratif discours aux journalistes catholiques : « La liberté religieuse n’est pas un privilège accordé par l’État. C’est un droit de naissance que nous avons comme enfants de Dieu (…) Nous devons devenir un peuple digne de cela, ce qui veut dire que nous devons changer notre mode de vie. Le changer radicalement. À la foi comme individus catholiques et comme Église ».
Waou !