S’il y a depuis quarante ans un problème avec la Fraternité Saint-Pie X, c’est à cause du bienheureux Pie IX, ce pape béatifié par Jean-Paul II. C’est, en substance, ce que l’évêque de Clermont-Ferrand, le docte Mgr Hippolyte Simon, vice-président de la Conférence des évêques de France, a expliqué à l’AFP.
Il faut donc remonter à Pie IX qui, puisqu’il était souverain d’un État temporel, qu’il était favorable à la thèse que l’État peut imposer la vérité religieuse. C’est pour Mgr Simon le nœud du désaccord avec la Fraternité Saint-Pie X.
Loin de moi l’idée de nier que la question de la liberté religieuse, quand même plus complexe que le résumé militant qu’en donne l’évêque de Clermont-Ferrand, joue un rôle dans cette affaire. Mais ce faisant Mgr Simon passe simplement par perte et profit toute la crise liturgique qui a suscité la résistance non seulement de la Fraternité Saint-Pie X, fondée pour que des prêtres puissent célébrer la messe traditionnelle, non seulement celle des communautés qui lui sont liées, mais aussi des nombreux prêtres et laïcs qui ont souffert de la nouvelle liturgie, imposée à coup de semonces épiscopales, sans s’interroger un seul instant sur leur « liberté de conscience » que le docte Mgr Simon présente aujourd’hui comme la grande ennemie de la Fraternité Saint-Pie X.
Mais soyons juste : Mgr Simon parle bien de liturgie pour nous raconter que « la messe de toujours » n’est pas la messe de toujours. Comme si Mgr Lefebvre ignorait la limite de cette formule utilisée lors de la grande confusion et la grande bataille liturgique.
Rappelons que si le Saint-Siège a fixé les livres liturgiques de 1962 comme norme de célébration pour la messe traditionnelle – au fait, Mgr Simon a-t-il reçu le texte du motu proprio Summorum Pontificum de… 2007 – c’est simplement parce que ces livres liturgiques sont utilisés par la Fraternité Saint-Pie X dont le fondateur connaissait l’évolution organique (pas anarchique ou révolutionnaire) de la liturgie et le fait également que pour l’essentiel le cœur de cette messe remonte bien avant le pape saint Pie V.
Le lefebvrisme a-t-il un avenir demande la journaliste pour finir. Mauvaise question ! Il aurait mieux fallu demander si l’Église telle que la conçoit Mgr Simon a encore un avenir. Avec les repères simplistes qu’il donne, favorables à une herméneutique de la rupture, ce n’est pas sûr. On ne s’en plaindra pas.
La doctrine de Pie IX dans le Syllabus est infaillible. On ne peut la rejeter.
Pie IX a constaté que les Etats et les citoyens catholiques jouissaient de la liberté naturelle de confesser la foi catholique et que nul ne pouvait leur ôter ce droit qu’ils tiennent de la nature. C’est pourquoi il a condamné le laïcisme qui condamne la doctrine catholique de la possibilité de l’Etat catholique.
Le Syllabus ne contredit pas la liberté religieuse puisqu’il est fondé sur elle.