Alors que tout semblait prêt pour un accord définitif entre le Saint-Siège et la Fraternité Saint-Pie X, Mgr Fellay, son supérieur général, est retourné à Menzingen ce jeudi avec un nouveau document en main. Selon plusieurs sources, il s’avère que ce document ne correspondait pas à celui qui était attendu et que plusieurs modifications importantes y ont été apportées. Du côté romain, trois personnes se sont entretenus avec le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, le cardinal Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, Mgr Pozzo, secrétaire de la Commission Ecclesia Dei, et Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, SJ, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi qui aurait joué un rôle sur lequel il faudra s’interroger un jour. Dans l’état, Mgr Fellay ne pouvait donc signer ce document « doctrinalement modifié », d’où le report annoncé dans les deux communiqués, celui du Saint-Siège puis celui pour l’extérieur, de la Fraternité Saint-Pie X.
Plusieurs vaticanistes sérieux avaient annoncé l’accord définitif comme certain, et, pour une fois peut-être, il n’y avait pas exagération de leur part. Mais il se pourrait qu’il y ait eu un grippage à l’intérieur même de la curie, même si rien pour l’heure ne permet de confirmer sérieusement cette piste. De son côté, fidèle à la ligne qu’il a adoptée, bien décidé à ne rien abdiquer doctrinalement (or il semblerait que des difficultés d’ordre doctrinal auraient été ajoutées au dernier moment), Mgr Fellay va poursuivre sa réflexion et sa consultation, dans le cadre du chapitre général et plus largement certainement. Il est clair maintenant que la réponse va prendre du temps et que le temps, en positif ou en négatif, va jouer aussi son propre rôle.
L’autre information de ces derniers jours est la confirmation que Rome propose à la Fraternité Saint-Pie X le cadre d’une prélature personnelle. Une prélature d’autant plus personnelle qu’elle aurait été taillée sur mesure pour la Fraternité Saint-Pie X, ce qui est certainement le principal point positif des derniers événements. Sur le site de notre confrère Nouvelles de France, il est repris l’information selon laquelle l’Opus Dei saluerait l’élévation de la Fraternité Saint-Pie X au rang de prélature personnelle.
Fondée par Josemaria Escriva de Balaguer, l’Opus Dei est aujourd’hui la seule prélature personnelle au monde et ce depuis 1982. S’il faut se réjouir de ce bon accueil envers une décision qui casserait son « monopole », on peut juste regretter que l’Opus Dei n’applique pas plus largement (certains prélats issus de ses rangs l’ont fait) le motu proprio Summorum Pontificum, en permettant à l’ensemble de ses prêtres de célébrer la messe traditionnelle comme l’avait obtenu pour lui-même leur fondateur.
Le communiqué de la Fraternité Saint-Pie X :
Le mercredi 13 juin 2012, Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, accompagné du Premier Assistant général, l’abbé Niklaus Pfluger, a été reçu par le cardinal William Levada, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui lui a remis l’évaluation de son dicastère sur la Déclaration doctrinale adressée par la Fraternité, le 15 avril 2012, en réponse au Préambule doctrinal soumis le 14 septembre 2011 par la Congrégation de la Foi.
Au cours de cette rencontre, Mgr Fellay a entendu les explications et les précisions du cardinal Levada, auquel il a présenté la situation de la Fraternité Saint-Pie X et a exposé les difficultés doctrinales que posent le concile Vatican II et le Novus Ordo Missae. La volonté de clarifications supplémentaires pourrait déboucher sur une nouvelle phase de discussions.
A la fin de ce long entretien de plus de 2 heures, Mgr Fellay a reçu un projet de document proposant une Prélature personnelle, dans le cas d’une éventuelle reconnaissance canonique de la Fraternité Saint-Pie X. Au cours de la rencontre, il n’a pas été question de la situation des trois autres évêques de la Fraternité.
A l’issue de cette réunion, il a été souhaité que se poursuive le dialogue qui permettra d’aboutir à une solution pour le bien de l’Eglise et des âmes.
J’espère voir la fin des préambules et que tous travaillent ensemble
Sur l’Opus Dei, sachez toutefois, que les messes dites dans les centres sont certes Paul VI mais dites en latin et grégorien, conformément aux textes. Lorsqu’il y a des fidèles extérieurs, la messe est dite en français, mais avec une dignité absolument identique à ce que l’on peut trouver dans une messe tridentine. Certes, la liturgie tridentine reste intrinsèquement plus riche et, à mon goût, plus belle, mais si toutes les messes Paul VI étaient dites aussi dignement, les tensions et les antagonismes entre les tenants des deux rites n’existeraient probablement pas.
Pour terminer, si des fidèles demandaient la forme extraordinaire à un prêtre de l’OD, elle serait vraisemblablement acceptée. Je suppose que le besoin est moins pressant lorsque la liturgie Paul VI est bien dite.