L’arrestation du majordome du pape et les fuites de documents en
provenance des appartements pontificaux, notamment exploitées par le journaliste d’investigation italien Gianluigi Nuzzi, auteur du
best-seller “Sua Santità – Le carte segrete de Bendetto XVI” [Sa
Sainteté – Les Lettres secrètes de Benoît XVI], peuvent-elles remettre en cause le secret pontifical ?
Dans une Église qui a fait sienne la séparation de l’Église et de
l’État et s’est ouverte au monde lors du concile Vatican II, la
survivance du secret pontifical, dont la violation n’est cependant
plus passible d’excommunication, a des allures d’anachronisme
sympathique.
Pourtant, il n’est pas illégitime de se demander si ce secret
pontifical ne constitue pas un élément aggravant de l’affaire
Vatileaks. Un investigateur comme Gianluigi Nuzzi se serait-il donné autant de mal pour arriver jusqu’aux appartements pontificaux sans l’existence de ce défi à sa curiosité ? L’écho donné aux informations récoltées par Nuzzi dont aucune, en substance, n’a de caractère ni scandaleux ni subversif pour l’Église aurait-il été si grand en l’absence de ce secret pontifical ?
En outre, pour qu’un interdit soit respecté, il faut qu’il soit
compris. Or la cité vaticane n’est pas suffisamment isolée du reste du monde pour que l’emprise de l’hyper-communciation n’y ait d’effet. Ne demande-t-on pas au pape de twitter pour ouvrir les JMJ ? Ne lui demande-t-on pas aussi de se prononcer sur l’ouverture des championnats d’Europe de football ? Comment un fonctionnaire de Curie ou un employé du Gouvernorat peut-il encore comprendre la valeur de ce secret qui lui est demandé, quand tout ce qui l’entoure n’est que bruit et communication et que certains des cardinaux qu’il côtoie s’empressent de s’affranchir eux-mêmes de ce secret pontifical à la rencontre du premier journaliste venu ?