Immense éclat de rire, jeudi dernier, 31 mai, dans les Palais apostoliques : paraissait pour la première fois un Osservatore Romano Madame (de son vrai titre : « donne, chiesa, mondo », femmes, église, monde).
C’est la dernière idée du professeur Giovanni Maria Vian, directeur responsable du quotidien officiel du Saint-Siège : désormais, le dernier jeudi de chaque mois sera inséré dans l’édition quotidienne de L’Osservatore Romano, un supplément de quatre grandes pages en papier glacé, photos et titres en couleurs, où des femmes parleront à des femmes de problèmes de femmes. Dans une littérature au total assez cocasse, une espèce de féminisme pour couvents, on découvre au détour d’un paragraphe que Jeanne d’Arc est « une femme qui s’est libérée du destin habituellement réservé aux femmes »… en faisant de la politique et en ne se mariant pas !
Les responsables de cet Osservatore Madame sont bien entendu deux femmes. La première : Lucetta Scaraffia, 63 ans, professeur d’histoire, journaliste, féministe convaincue, qui « entend donner la parole aux femmes dans l’Eglise où leur rôle est trop peu reconnu ». Elle voudrait que des femmes (des « cardinales » ?) prennent la tête de congrégations romaines. Espérons cependant que la parité sera respectée et qu’il restera autant de Préfets que de Préfètes… Membre du Comité national de bioéthique, elle est mariée en secondes noces à un historien très engagé, Ernesto Galli della Loggia, représentant parfait de ces intellectuels italiens qui composent entre marxisme rénové, socialisme mondialisé et humanisme traditionnel.
L’autre responsable de L’Osservatore Madame est Ritanna Armeni, même âge, journaliste notamment de télévision, qui a commencé sa carrière au sein de la militance marxiste extra-parlementaire dans les années d’après 68, pour finir, aujourd’hui, dans les hautes sphères de Refondation communiste.
Il faut dire que L’Osservatore Romano (qui n’est plus guère lu, comme on dit à Rome, que par « quatre chats ») fait de plus en plus dans le culturel. Au point de reléguer les discours du Pape en dernière page. Avec parfois allusions culturelles pour initiés : le 29 mai, relatant la messe de la Pentecôte dans la Basilique vaticane, le journal du Siège Apostolique publiait sous le titre « De Babel à l’unité », une photo couleur de l’une des deux versions de « La Tour de Babel », de Pierre Bruegel l’Ancien, celle de la « Petite Tour de Babel », conservée à Rotterdam, dans laquelle il n’est pas possible de ne pas voir une charge contre l’Église cléricale en train de s’effondrer, tandis qu’une procession monte la rampe de la tour dont les bases se délitent. A moins que Pierre Bruegel n’ait représenté prophétiquement, par cette « Petite Tour de Babel » de 1563, la Curie romaine en 2012, à l’heure des sauvages règlements de comptes en forme de « fuites » de correspondances du Pape, récemment publiées dans Sua Santità, le livre de Gianluigi Nuzzi, aux éditions Chiarelettere…
Quatre chats ou pas, j’ai parfois le sentiment, malgré mon immense respect pour le Saint Père, qu’on touche ici au point faible de son pontificat: le fait de laisser évoluer en hautes sphères un certain nombre de personnes trop peu “catholiques” (dans tous les sens du terme).
Et il en va malheureusement de même pour un trop grand nombre de nominations épiscopales…
On peut craindre dans ces conditions que l’influence “della Loggia” y soit plutôt renforcée…
La bonne nouvelle de cet article c’est qu’a priori plus personne ou presque ne lit l’OR!