Il est de notoriété publique que le cardinal archevêque de Paris n’apprécie pas la Marche annuelle pour la vie, qui se déroule chaque année à Paris. La prochaine aura lieu le 20 janvier 2013. En 2008, Mgr Vingt-Trois déclarait :
“Chaque pays a sa culture et sa manière de faire. Mais je n’ai pas remarqué que les défilés qui ont eu lieu à Madrid aient empêché grand-chose! Je peux me permettre de penser que, au moins sur le plan tactique, ce n’est pas la meilleure solution. Comme il s’agit de questions sérieuses et graves, je ne pense pas que l’objectif soit de pousser des cris: il faut travailler, contribuer au travail. Et si on est sérieux, on a des résultats et on est entendu.”
Marcher pour la vie consiste à pousser des cris, selon son Eminence… Cette attitude méprisante avait choqué la plupart des associations engagées dans ce combat pour la culture de vie. Il semblait que le cardinal avait fini par abandonner cette idée farfelue. Fin 2011, dans son discours de clôture de l’Assemblée plénière des évêques, évoquant les initiatives des évêques en matière de prière pour la vie « depuis plus de dix ans », les veillées du mois de mai, celles de la veille du premier dimanche de l’Avent, il ajoutait:
« Un certain nombre de chrétiens se joignent aussi à des manifestations non confessionnelles comme la Marche pour la Vie du mois de janvier. »
Las. Le cardinal Vingt-Trois est revenu à ses vieux démons, mardi 22 mai lors de la veillée de prière pour la vie à Notre-Dame de Paris. Dans son homélie, il a déclaré :
” Il faut que nous comprenions bien que les mentalités n’évoluent pas simplement parce que l’on crie fort et parce que l’on répète des idées toutes faites, mais parce qu’il y a des hommes et des femmes qui sont profondément convaincus que la vie humaine révèle un mystère que nous ne possédons pas.”
Evidemment, manifester tous les ans ne suffit pas. Mais pourquoi ne pas le dire ainsi, plutôt que de qualifier de façon méprisante les manifestants ? Car prier pour la vie ne suffit pas non plus. Agir pour aider concrètement les femmes enceintes, c’est très honorable, mais cela ne suffit pas non plus. Pourquoi opposer de façon dialectique, les différents aspects du combat pour la vie ? A-t-on vu les associations pro-vie critiquer la veillée de prière du 22 mai à Notre-Dame ? Au contraire : ce sont ces associations qui ont mobilisé leurs troupes pour que la cathédrale soit remplie.
Ce combat contre la culture de mort passe certes par la prière, par l’aide concrète, mais aussi par la médiatisation et par l’action politique. Car il y a aujourd’hui un tabou sur ce sujet et des lois qui font de l’avortement un droit. Une loi qui a inversé le sens du bien et du mal. Une loi qui, ainsi, fausse les consciences. Une loi qui a été votée dans un silence épiscopal à la limite de la complaisance. Sans doute est-ce ce rappel que Mgr Vingt-Trois n’apprécie pas.