La publication d’un entretien donné par Mgr Fellay à Catholic News Service (CNS), dont on trouvera l’essentiel sur notre blogue ami, Américatho, suit la divulgation en français et anglais sur des réseaux, puis le 10 mai sur des forums américains, de la lettre de Mgr Fellay du 14 avril aux trois autres évêques de la FSSPX, que j’ai pour ma part reproduite le 11.
Trois remarques s’imposent :
- Il y a de fortes probabilités pour que Mgr Fellay sache qui a organisé la fuite (lequel n’est peut-être pas celui auquel on penserait le plus naturellement) concernant l’échange de correspondance entre les trois autres évêques de la FSSPX et lui-même. Un communiqué de la Maison généralice de Menzingen dénonce sévèrement : « Celui qui a brisé la confidentialité de ce courrier interne a péché gravement ». Mais Menzigen est-il vraiment fâché que l’un des protagonistes de l’échange ait violé sa confidentialité ? Il suffit de considérer les termes de la lettre du 14 avril pour comprendre qu’elle avait été rédigée pour se prêter à une très probable publication.
- La pointe de cette nouvelle posture se trouve dans l’apparent « opportunisme » du supérieur de la FSSPX : il assume aujourd’hui une position pour laquelle il avait jadis condamné certains prêtres de la FSSPX. Et il est clair qu’il n’hésitera pas à condamner demain ceux s’opposeront à son analyse. En cela, il revendique le privilège (la grâce d’état) du supérieur qui, au sein d’une ligne donnée, juge souverainement pour les siens des circonstances, des temps et des moments.
- D’ailleurs, cette leçon « en majesté » faite à ses trois confrères a l’avantage de rejeter dans l’oubli des postures antérieures : Mgr Fellay, avec son « cabinet », réussit en quelque sorte un examen sur sa capacité a recevoir une haute charge.
Ainsi, celui qui a provoqué la fuite a produit l’effet exactement inverse à celui qu’il escomptait. Si en effet, l’étalage de « divergences », déjà bien connues de tous et que la semonce du supérieur ne va pas manquer de réduire, a fort agacé à l’intérieur de la FSSPX, en revanche, dans de nombreux milieux d’Église, la réponse de Mgr Bernard Fellay à ses confrères a causé une profonde impression. Outre le style littéraire soigné de la lettre, sa hauteur de vue, le sens de l’Église que l’évêque rappelle à ses interlocuteurs, sans parler de l’habileté du procédé, tout donne l’impression que Mgr Fellay parle désormais sur un registre supérieur.
Bonne analyse, j’ai été frappé de même par l’ampleur de la lettre de réponse, il est vrai que les arguments adverses présentés par celle des 3 évêques étaient bien connus et que Mgr Fellay (et son Conseil puisqu’elle est co-signée, le point a son importance) a eu le temps de réfléchir à la justification de sa position avec les dernières années.