Épuisé depuis quelques années, Le Maître de la Terre de Robert-Hugh Benson vient enfin d’être réédité aux éditions Pierre Téqui (420 pages, 15€). Publié pour la première fois en 1906, ce roman sur « la crise des derniers temps » n’a jamais cessé d’être lu et c’est un véritable best-seller dans le monde anglo-saxon. Mieux, c’est un livre prophétique qui avait prévu l’affrontement inévitable entre la bien-pensance et le catholicisme, fidèle à ses dogmes, ses rites et sa tradition. Dans une note, l’éditeur avertissait au début du siècle dernier que ce livre :
« une parabole, illustrant la crise religieuse qui, suivant toute vraisemblance, se produira dans un siècle, ou même plus tôt encore, si les lignes de nos controverses d’aujourd’hui se trouvent prolongées indéfiniment ; car celles-ci ne peuvent manquer d’aboutir à la formation de deux camps opposés, le camp du catholicisme et le camp de l’Humanitarisme, et l’opposition de ces deux camps, à son tour, ne peut manquer de prendre la forme d’une lutte égale, avec menace d’effusion de sang pour le parti vaincu ».
Ce roman, qui raconte la fin des temps et qui a été écrit, rappelons-le en 1905, apparaîtra à la fois comme de son époque par quelques images employées et terriblement actuel par les avancées qu’il prévoit. Mais c’est aussi un vrai roman, et même un roman d’aventure, comme le soulignait Benson, et d’anticipation.
J’ai déjà eu l’occasion de présenter cet auteur, fils de l’archevêque de Cantorbery, devenu à son tour pasteur anglican avant de se convertir et de devenir catholique en 1903. Cet itinéraire de foi, Mgr Benson l’a raconté dans un très beau récit spirituel, édité aujourd’hui aux éditions de L’Homme Nouveau sous le titre Les Confessions d’un converti (le même éditeur propose un ouvrage spirituel de Benson : L’Amitié de Jésus-Christ).
La traduction du Maître de la Terre a paru initialement dans La Revue hebdomaire et elle est signée Théodore de Wyzewa, qui signe également l’introduction. Il aurait peut-être été bien de moderniser cette traduction et de proposer une version recomposée. Mais ces petits détails n’empêchent pas de lire cet ouvrage important.