Riposte catholique est à la fois un site “non partisan” (au sens politicien du terme) et un site engagé. Engagé, en particulier, dans le domaine politique, pour la défense de la loi naturelle. Et, a minima, pour la défense de ce qu’on appelle aujourd’hui les “principes non négociables”.
A ce propos, vous pouvez toujours (et vous y êtes d’autant plus vivement invités que lesdits principes non négociables vont durement souffrir dans les 5 prochaines années en France) signer la lettre ouverte aux candidats (qui n’étaient pas seulement les candidats aux présidentielles, mais aussi les candidats aux législatives) du Salon beige.
Je crois que tout le monde n’a pas compris la profonde “révolution culturelle” qu’impliquaient ces principes non négociables dans l’engagement politique des catholiques français.
Jusqu’à présent, le modèle dominant était celui de la démocratie chrétienne. Ce modèle s’appuyait sur l’idée de Léon XIII, selon qui les catholiques étaient majoritaires en France, et pouvaient donc obtenir des lois conformes à leur foi et, plus encore, à leur morale. Idée parfaitement juste sur le principe. Mais totalement erronée dans l’application concrète, car la République anticléricale n’était pas n’importe quel régime, ni plus ni moins légitime qu’un autre, mais une véritable contre-Eglise. En acceptant le Ralliement, les catholiques français ont aussi accepté progressivement le laïcisme indissociable de l’idéologie révolutionnaire. Et, désormais, l’immense majorité des catholiques français croient – à tort – que la parole de l’Eglise n’est légitime que… dans les églises, précisément. En réalité, Notre-Seigneur doit non seulement régner sur nos âmes, mais aussi sur nos lois, nos écoles et nos sociétés.
Cependant, à force d’influences subversives, le poids électoral des catholiques français n’a cessé de décroître. Et, désormais, le modèle que nous propose Benoît XVI est un modèle plus conforme à notre statut de minoritaires. C’est un modèle de “veto”: les catholiques de conviction, qui “pèsent” quelques centaines de milliers de voix, ne peuvent pas obtenir une majorité conforme à leurs voeux, mais ils peuvent empêcher une majorité d’être élue. Pour le dire d’un mot, c’est le syndrome du 21 avril à l’envers: il est probable que, si Nicolas Sarkozy n’avait pas pris des engagements nettement plus conformes à la morale naturelle que son principal rival, les catholiques de conviction auraient beaucoup moins voté pour lui et qu’il n’aurait pas atteint le second tour.
Il est évident que cette logique de veto est un pis-aller. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être ainsi minoritaires. D’autant moins que nous parlons ici de la loi naturelle (et non de la loi divine), que tous devraient partager – même si l’Eglise catholique en est désormais presque la seule gardienne en Occident.
Mais il est évident aussi qu’elle est la seule logique politique actuellement ouverte pour nous.
Et, si certains regrettent l’antique démocratie chrétienne (dont l’universitaire italien Roberto de Mattei a naguère si bien démontré qu’elle avait été, dans son pays, le “fourrier du communisme”, comme, en France, elle fut le fourrier de la contre-nature et de la subversion), il suffit de regarder ce qu’est devenu le parti politique actuel héritier de la démocratie chrétienne, le parti de François Bayrou. Son président a voté Hollande, c’est-à-dire le seul vote qui, au deuxième tour, était absolument impossible pour un catholique cohérent (puisque l’euthanasie, la réduction des libertés éducatives, le mariage homosexuel… figuraient dans le programme du candidat socialiste). Un catholique pouvait s’abstenir, voter blanc ou nul, voter Nicolas Sarkozy, mais certainement pas voter Hollande.
Politiquement, il est probable que Bayrou a tué le centre. Mais, religieusement, et c’est ce qui nous importe le plus, il a montré brillamment que la démocratie chrétienne, surtout aujourd’hui, était une impasse complète.
Espérons que les dirigeants spirituels et temporels des catholiques de France tireront les conséquence de ce vote du 6 mai.
En tout cas, pour moi, on peut dire: la démocratie chrétienne est morte, vivent les principes non négociables!
Bravo à “Vini Ganimara”: c’est précis, logique, frappant.
C’est aussi ce qui s’est passé au Chili où la Démocratie Chrétienne a si bien préparé le chemin à Salvador Allende qu’elle lui a passé le relais du pouvoir en 1970-71.
Un livre, “Frei, el Kerensky chileno”, dont l’auteur était Fabio Vidigal da Silveira, disciple du Professeur d’Université Plinio Corrêa de Oliveira, a dénoncé dès 1967 le vice inhérent à toute démocratie-chrétienne et montré qu’il n’y avait aucun complexe à avoir à la combattre, même si des ecclésiastiques égarés, parfois même en nombre conséquent, se laissaient abuser par les allégations d’une doctrine sociale soi-disant chrétienne.
Je crois comme vous que les Bayrou et autres Christine Boutin n’ont pas d’avenir car ils se sont chacun dans un domaine différent démasqués.
Situation identique en Belgique avec le CDH (Centre démocrate humaniste)- centre gauche – , ex Parti social chrétien, lui-même ex-Parti catholique. Le socio-économique passe largement avant l’éthique catholique qui n’est plus rentable électoralement. Le catholicisme en tant que tel a perdu tous ses relais politiques, à part – peut-être – quelques individualités.
D’accord dans ses grandes ligne sur votre commentaire, mais vous oubliez de parler du déviationnisme de nombreux cathos qui ont évolué vers un christianisme socialisant qui les fait voter à gauche. Mais comme c’est aussi la ligne officieuse de la C.E.F., par le biais de la sécularisation dont nous voyons tous les jours les effets pervers , c’est aussi la pensée marxiste qui imprègne une notable partie de l’Eglise de France. Mieux vaut se compter sur le principe qu’entre Jésus et Marx il n’y a pas comme le pensent nos pasteurs une voie moyenne : on est pour l’un ou pour l’autre, c’est aussi simple que cela.
Votre texte lit les événements historique selon des principes machiavéliens. Or, la doctrine des papes Léon XIII et Benoît XVI est la même. Il n’y a eu aucune erreur dans le Ralliement et aucune visée de prise de pouvoir par procédé calculé. Ce que demande Benoît XVI est identique à ce que demandait Léon XIII : changement de la législation, selon des principes non négociables ajoute Benoît XVI. Benoît XVI est obligé de l’ajouter parce que les catholiques sont devenus laïcistes, abortistes, divorcistes etc.
Ce qui est exact en revanche, c’est que les Eglises qui sont en France sont aux mains d’un groupe laïciste qui est dans une erreur commune avec celle des “traditionalistes”, mais il en tire des conséquences pratiques inverses.