Mgr Olivier de Germay, nouvel évêque d’Ajaccio, raconte comment il a perçu sa vocation, alors qu’il était en mission armée sous la bannière du premier régiment de hussards parachutistes de Tarbes :
“J’ai vécu quelques jours dans le désert. J’y ai rencontré des gens qui vivaient avec trois fois rien et qui étaient plus heureux que moi. Des gens qui exhalaient une paix intérieure, alors que j’étais aux prises avec des sensations diffuses de mal-être. J’ai pris brutalement conscience qu’en menant une vie centrée sur moi-même, je m’éloignais de l’essentiel. À ce moment-là, je ne pensais pas devenir prêtre, j’avais seulement le désir irrépressible de changer de vie…”
De retour en France, à la Toussaint 1990, le militaire effectue une retraite à l’abbaye de Notre-Dame-de-Fontgombault :
“C’est là que le Seigneur m’attendait. Le troisième jour, le moine avec qui j’avais beaucoup parlé m’a dit que j’avais la vocation. Tout est devenu clair. Sans même répondre avec des mots, j’ai compris que j’acceptais cet appel, que je venais de dire oui, et j’ai su que ce serait la voie de mon accomplissement”.
Après 14 années de sacerdoce, le voilà évêque :
“Je ne l’explique pas. Une ordination à 51 ans n’a rien d’exceptionnel non plus. Lorsque j’ai été nommé vicaire épiscopal, autour de moi, on me taquinait déjà un peu sur ma future nomination comme évêque alors que je n’y pensais même pas. Je n’avais jamais mis les pieds en Corse, et j’ai été très ému par la chaleur de l’accueil qui m’a donné le sentiment que j’étais attendu. Et m’a fait vite prendre conscience qu’être évêque de Corse, c’est important, c’est quelqu’un qui compte dans la société insulaire”.
Concernant l’exclusion de l‘abbé Polge par son prédécesseur, sanction annulée par Rome :
“Il y a eu des blessures profondes, des excès, des rumeurs. J’ai rencontré l’abbé Polge. Nous devons retrouver le chemin de l’apaisement. Je suis optimiste”.
Sa devise épiscopale est extraite de l’épître de Saint-Paul aux Éphésiens : Le Christ a aimé l’Eglise. Lui-même vocation tardive, il veut relancer les vocations dans une Corse aux prêtres vieillissants :
“Un prêtre doit être heureux dans son ministère pour donner envie à des jeunes. Il est possible de faire naître des vocations. Le grand défi consiste à renouer avec le sens de la pratique. On ne peut pas dire : le Christ oui, l’Eglise non. Sans pratique, plus de transmission possible de la foi. Il faut rappeler que le Christ a aimé l’Eglise car l’Eglise est le moyen qu’il a choisi pour poursuivre son œuvre. Aussi, nous sommes appelés à poser sur l’église un regard de foi qui va au-delà de sa dimension humaine”.
A propos des profanations commises par certains artistes, Mgr de Germay n’hésite pas à dire :
“On ne peut pas construire une société dans la paix si on ne respecte pas ce qui est sacré pour les autres. La sacro-sainte liberté d’expression a ses limites et doit être encadrée. Le négationnisme, par exemple, est bien puni par la loi. Mais j’insiste aussi sur le fait que lorsqu’on est choqué, on doit réagir en chrétien en ne répondant pas au mal par le mal”.
Sur le mariage des prêtres, il soulève la contradiction :
“Il est assez étonnant d’en faire un sujet récurrent alors qu’un mariage sur deux se termine par un divorce. Ce qui me fait dire déjà que le mariage chrétien est une vocation très exigeante. Ensuite, même pour celui qui n’a pas choisi le célibat, la vie peut avoir un sens. Enfin, et c’est mon cas, le rapport à Dieu peut être de l’ordre de la relation amoureuse. J’ajoute qu’au sein de l’Eglise catholique de rite oriental, le mariage des prêtres est autorisé et que l’un d’eux m’a confié un jour qu’il enviait mon célibat. Alors…”
Et sur le préservatif :
“Dire que l’Eglise est contre le préservatif relève de la désinformation. Elle a autre chose de plus profond à dire aux jeunes sur la beauté de la sexualité que le discours essentiellement hygiénique. La sexualité, c’est quelque chose de beau, de grand, qui engage l’avenir, la vie, et apporte à la relation une dimension spirituelle qu’il ne faut pas abîmer. Voilà le vrai message de l’Eglise”.
Source : Corse Matin