L’Histoire est souvent une précieuse collaboratrice pour comprendre la complexité du temps et permettre à l’intelligence de tirer des leçons de l’expérience. C’est à ce titre que j’aimerais présenter aujourd’hui un livre consacré à un sujet historique, la guerre d’Espagne. Entre 1936 et 1939, on le sait, un soulèvement des forces armées, soutenus par les militants nationalistes et monarchistes, s’opposa par les armes aux forces républicaines et marxistes, avant de vaincre et d’établir un nouveau régime conduit par le général Franco.
Loin de laisser indifférent le reste du monde, cette guerre civile fut aussi le terrain d’expérimentation militaire pour l’URSS comme pour l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Du côté républicain, des brigades internationales furent constituées pour prêter main forte au camp de la gauche espagnole. On sait moins – et pour ma part, j’ignorais totalement – que des volontaires étrangers se rendirent aussi en Espagne pour soutenir le camp nationaliste.
Je viens de l’apprendre en lisant le passionnant livre que Sylvain Roussillon vient de consacrer à ces volontaires étrangers sous le titre Les Brigades internationales de Franco (Via Romana, 362 pages + cahier photos de 12 pages, 24€). Bien écrit, très clair, cet ouvrage se lit comme un roman tant il dévoile avec adresse l’étendue des forces nationalistes. On connaît évidemment (au moins de nom) la Légion Condor, mais on apprend ici qu’outre les Italiens et les Allemands, des volontaires irlandais, français, anglo-saxons, russes (blancs), nord-africains, marocains et même asiatiques, juifs et musulmans, rejoignirent les troupes de Franco. Pour la première fois, l’histoire de ces hommes est écrite et présentée au grand public. Histoire anecdotique répondra-t-on un peu vite. Non, estime l’auteur, qui écrit dans sa conclusion :
Bien que j’ai tenté de démontrer que les Allemands de la Légion Condor et les Italiens du CTV étaient de vrais volontaires, le lecteur pourra s’amuser à retrancher les 15 000 Allemands et les 75 000 Italiens concernés du résultat global. Il constatera que les 89 000 volontaires restants sont loin d’être négligeables. Et même en poussant cette logique contre-historique jusqu’au bout, c’est-à-dire en soustrayant du total les troupes marocaines au service de l’Espagne (…), le nombre de volontaires pro-nationaux avoisine les 15 000 hommes, ce qui est loin d’être négligeable, compte tenu du caractère inorganisé et souvent individuel de leur venue en Espagne.
Ces hommes étaient restés dans l’ombre de l’Histoire (parce qu’ils avaient choisi le mauvais camp ?). Sylvain Roussillion les met en pleine lumière. Un travail remarquable.