Le dessin de presse de l’ami Jeff Harris du 14 avril dernier, sur son site Sword of Peter, a laissé perplexe beaucoup de lecteurs d’Americatho dont j’avais sollicité les commentaires. Certains en ont bien perçu le sens, d’autres pas. Pourtant, cette boule de bowling étiquetée « L’Écriture seule » (sola scriptura, grande règle de nos frères protestants) roulant vers les quilles symbolisant l’unité chrétienne, s’apprêtait à les faire chuter : ce qu’on appelle un « strike » dans ce jeu. Autrement dit, l’unité des chrétiens ne peut non seulement reposer sur la seule Écriture, mais cette règle de « L’Écriture seule » est elle-même destructrice de l’unité. Jeff Harris revient dans son nouveau dessin d’hier intitulé « Straight and Narrow » – la voie droite et étroite, en quelque sorte – sur cette idée qu’il va nous expliciter…
La citation qui somme son dessin est de Benoît XVI. On pourrait la traduire ainsi en français : « Chaque fois où l’Écriture Sainte est détachée de la voix vivante de l’Église, elle devient la proie des discussions des experts ». Il s’agit là d’un extrait de l’homélie que Benoît XVI prononça le samedi 7 mai 2005 lorsqu’il prit possession de la basilique Saint-Jean du Latran, cathédrale de l’évêque de Rome.
Un panneau à gauche indique la route du Ciel. Le personnage de la barque sans gouvernail du premier plan – dont le nom est « N’importe quoi » –, n’utilise qu’une seule rame (l’Écriture seule…), ce qui fait, si l’on en croit les traces de son sillage, qu’il ne va ni droit ni dans la bonne direction. Sa barque porte également l’inscription : « Plus de 30 000 dénominations », c’est le nombre, très approximatif, de groupes chrétiens protestants aux États-Unis…
L’évêque, dans la barque du deuxième plan, observe avec étonnement l’agité mais mauvais barreur. Lui va dans le bon sens car il a un bon gouvernail (le Siège de Pierre) et deux rames : l’Écriture et la Tradition !
Que nos frères protestants veuillent bien nous excuser si nous les offensons… Ce dessin et mes commentaires ne sont qu’une invitation fraternelle à rejoindre la bonne barque de Pierre qui va le bon chemin, car comme l’indiquait Benoît XVI dans cette même homélie : « nous avons besoin de la voix de l’Église vivante, de cette Église confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu’à la fin des temps ».
Eh bien oui, sans le Vicaire du Christ et le Magistère on va dans les décors…ou par le fond! A mon sens l’invitation fraternelle à monter dans la barque ne s’adresse pas seulement aux protestants mais également à certains catholiques, dont quelques laïcs mal inspirés mais aussi, et c’est plus grave, quelques co-pilotes de la barque de Pierre, qui, de l’intérieur de la barque, mettent une énergie et un zèle que je préfère ne pas qualifier à percer des trous dans la coque. Ceux-là feraient bien de méditer Jérémie 23 1 et 2 : “Malheur aux bergers qui perdent et dispersent le troupeau de mon pâturage!”…