L’Uruguay fêtait jeudi sa patronne nationale, la Vierge du Verdun honorée chaque année d’un pèlerinage qui a attiré cette fois-ci des milliers et des milliers de catholiques. Au sanctuaire national l’évêque de Minas, Mgr Jaime Fuentes, a prêché sur la famille et ses droits et sur le respect de la vie, à l’heure où l’Uruguay, comme bien des pays sud-américains, est sous le coup de pressions pour faire dépénaliser l’avortement. Je vous propose ma traduction des passages les plus significatifs de son homélie à cet égard. Le texte en espagnol est ici.
Nous nous trouvons au temps pascal, essayant d’imaginer et de revivre ces jours uniques où Jésus Ressuscité remplissait de joie ses disciples et les saintes femmes par sa glorieuse présence. C’étaient nos premiers frères qui formaient, avec Lui et avec Marie, la première Eglise : ils étaient la famille des enfants de Dieu. Quand Jésus s’en ira au Ciel, c’est alors que la Vierge commencera à exercer sa « vie publique » comme Mère de l’Eglise. C’est elle qui la maintient rassemblée, qui l’édifie continument.
Cet après-midi, alors que nous nous trouvons aussi « en famille », je voudrais réfléchir quelques minutes avec vous, en présence de Dieu et de la Vierge, à propos d’une grande préoccupation que nous partageons tous, et qui est en même temps une grande espérance : je me réfère, justement, à la famille.
N’est-il pas vrai, si nous y réfléchissons un peu, qu’à la racine de la violence et de l’insécurité qui nous affecte tous, et à la base de beaucoup de comportements devenus déjà si courants qu’ils ne sont même plus une nouvelle, tant ils sont monnaie courante dans notre société (concubinages, grossesses précoces, séparations et divorces totalement inattendus, avortements, etc.), se trouve une crise de l’idée même de ce qu’est la famille ? Comment ne pas être préoccupés par ces expressions douloureuses, et d’autres encore, qui parlent d’elles-mêmes de la faiblesse dont souffre l’institution familiale, qui a toujours été et qui demeure le lieu naturel où naissent et grandissent les enfants, où ils sont éduqués ; elle est l’école des vertus fondamentale, où l’on apprend à cultiver le respect, l’obéissance, la générosité, l’amitié, l’accomplissement de son devoir… où l’on apprend à prier et à aimer Dieu ?
(…)
Alors que la crise de la famille est une grave préoccupation pour tous, voici que la rejoint ce que nous a dit le bienheureux Jean-Paul II lorsqu’il était parmi nous : « Ce sont les familles chrétiennes qui feront que notre monde recommence à sourire. »
C’est pourquoi, en ce jour de grande fête, mettons entre les mains de Notre Dame du Verdun notre préoccupation pour les familles avec, en même temps, la certitude qu’elle, qui est Mère de Dieu et notre Mère, nous aidera à transformer cette préoccupation en espérance : sans espérance, nul ne peut vivre.
Enfants de Dieu, nous sommes des hommes et des femmes d’espérance : nous savons que la vie est un temps, bref, que nous avons pour conquérir la vie éternelle en faisant le bien ; et le bien fondamental, pour l’immense majorité des hommes et des femmes, c’est de former et d’éduquer les enfants, en leur transmettant le sens chrétien de l’existence, de manière à ce qu’à leur tour, ils le transmettent à leurs enfants.
C’est pourquoi je voudrais encourager les couples mariés, les pères et les mères de famille, les grands-pères et les grands-mères, ceux qui ont l’intention de contracter prochainement mariage… je voudrais les encourager à dire OUI et à dire NON.
A dire OUI à la fidélité, pendant les fiançailles et pendant la vie maritale ; à dire OUI aux enfants que Dieu voudra leur envoyer, parce qu’ils sont la couronne et la joie du mariage ; à dire OUI à l’engagement pris devant Dieu et la société d’être fidèles jusqu’à ce que la mort les sépare ; à dire OUI au travail d’éducation des enfants pour en faire des enfants de Dieu. Nous savons tous qu’il n’est pas facile de garder ce OUI en toutes circonstances, mais nous ne pouvons oublier que nous comptons sur l’aide du Ciel qui nous parvient à travers les sacrements et par l’intercession de la Mère de Dieu.
Le fait de dire OUI ainsi à Dieu et au monde, entraîne nécessairement avec lui l’engagement de dire NON à des conduites qui, pour être très répandues dans la société, n’en sont pas moins incompatibles avec notre manière chrétienne de voir la vie.
L’an dernier, en cette fête de la Vierge du Verdun, je vous transmettais une chose qui reste au premier plan de notre vie nationale et que je dois répéter en actualisant quelques dates : aujourd’hui nous fêtons les 7 ans de l’élection du Saint Père Benoît XVI ; il nous invite en permanence à penser, à utiliser les capacités de notre raison. Il disait, il n’y a pas longtemps : « Il existe des tendances culturelles qui essaient d’anesthésier les consciences pour des raisons présomptueuses. En ce qui concerne l’embryon dans le sein de sa mère, la science elle-même met en relief son autonomie capable d’interaction avec la mère, la coordination des processus biologiques, le caractère continu du développement, la complexité croissante de l’organisme. Il ne s’agit pas d’une accumulation de matériau biologique, mais d’un nouvel être vivant, dynamique et merveilleusement ordonnancé, un nouvel individu de l’espèce humaine. Jésus fut ainsi dans le sein de Marie ; il en a été ainsi pour chacun de nous dans le sein de notre mère. (…) Il n’existe aucune raison de ne pas le considérer comme une personne depuis sa conception » (Vêpres du 1er dimanche de l’Avent 2010).
Dans cette même ligne, voici un peu plus de trois ans, l’alors président Tabaré Vázquez, prestigieux professionnel de la médecine, opposa son veto à la dépénalisation de l’avortement, expliquant que la science révèle de manière évidente (…) la réalité de l’existence de la vie humaine à l’étape de la gestation. (…) Depuis le moment de la conception s’y trouve une nouvelle vie humaine, un nouvel être. Nous pouvons nous demander : la science aurait-elle changé au cours de ces trois ans, de telle sorte que cet argument scientifique n’ait plus de valeur ? L’ex-Président poursuivait : Le véritable degré de civilisation d’une nation se mesure à la manière dont elle protège ceux qui en ont le plus besoin. C’est pour cela qu’il faut protéger davantage ceux qui sont plus faibles. Parce que le critère ne peut plus être la valeur du sujet mesurée à l’aune des sentiments qu’il suscite chez les autres, ou l’utilité qu’il représente, mais la valeur qui résulte de sa simple existence.
Si l’un des projets de loi qui prétendent légaliser ou dépénaliser l’avortement devait prospérer, chacun devra savoir clairement dans sa conscience que même si cent parlements devaient approuver une loi de ce type, l’avortement ne laisserait pas d’être un délit gravissime, une grande offense à Dieu. Elle reste d’actualité, la proposition faite par le président Vázquez, que je cite expressément pour montrer que le problème de l’avortement n’est pas une affaire religieuse, mais le plus humain des problèmes ; il disait : pour le résoudre, le mieux est de chercher une solution basée sur la solidarité qui permet de soutenir la femme et aussi son enfant, en lui octroyant la liberté de pouvoir choisir d’autres chemins et ainsi, de sauver les deux.
Nous disons NON à l’avortement parce que nous disons un grand OUI à la vie humaine, le plus grand des dons reçus de Dieu. De même nous disons NON aux programmes d’éducation qui présentent une vision purement biologiste de la sexualité humaine, parce que nous disons un OUI fort en faveur des pères et des mères de familles, qui ont le droit et le devoir premiers d’expliquer à leurs enfants le fantastique plan de Dieu qui a voulu que les hommes, créés à son image et à sa ressemblance, participent à son pouvoir créateur.
Nous disons NON à la prétention de l’idéologie du genre, qui tente de gommer les différences entre les femmes et les hommes, parce que le plan de Dieu est un OUI définitif à la grandeur de la femme, au point qu’Il a voulu s’incarner dans celle que nous vénérons toujours comme L’IMMACULÉE.
Il va de soi que nous ne prétendons IMPOSER ce que nous croyons à personne, mais nous disons OUI au droit de le proposer, sereinement, en respectant les autres options et en réclamant le respect pour les nôtres.
Mes frères, je voudrais vous persuader que ce n’est pas en rabaissant les exigences de notre foi et des enseignements de l’Eglise, que nous parviendrons à aider notre patrie à grandir ; au contraire, c’est en diffusant par l’exemple et par la parole le trésor que nousre avons, que nous pourrons accomplir le commandement du Christ d’être LE SEL DE LA TERRE ET LA LUMIÈRE DU MONDE.
Mgr Jaime Fuentes
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