Après la circulation sur Internet de la conclusion du rapport de la visite canonique de l’Institut du Bon-Pasteur, son supérieur, l’abbé Laguérie a réagi sur son blog. Il a évidemment dénoncé une manière douteuse de mettre sur la scène publique un document confidentiel et qui ne concerne que les membres d’une jeune congrégation. Que celle-ci connaisse des difficultés n’a rien d’étonnant. Il suffit de regarder l’histoire de l’Église pour s’apercevoir que la jeunesse d’une œuvre passe par des moments tendus, avec des ajustements à effectuer.
Mais l’Institut du Bon-Pasteur est confronté à une, voire à deux nouveautés, qui changent la donne. Premièrement, l’existence d’Internet, qui permet une diffusion très rapide des informations, les meilleures comme des pires, les plus justes comme des plus fausses. Deuxièmement, la visite canonique de l’IBP, procédure absolument normale, était particulièrement surveillée en raison même de ce que représente cet institut : la possibilité de vivre dans l’Église sans être inquiété dans son attachement liturgique et doctrinal à la tradition de l’Église.
Nombre d’instituts connaissent, en effet, des visites canoniques, lesquelles se passent souvent si difficilement que l’Église impose un de ses représentants comme supérieur intérimaire. C’est le cas, en ce moment, pour la Communauté des Béatitudes ou de l’une des branches féminines de la Communauté Saint-Jean. Ce n’est pas le cas, semble-t-il, de l’Institut du Bon-Pasteur.
L’abbé Laguérie a raison de penser que la « fuite » organisée de la conclusion de ce rapport dépasse la préoccupation, réelle ou feinte, pour l’IBP. Elle avait pour but d’abord de faire échouer les discussions entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X. Il faut noter que cette tentative, et, plus généralement, certaines informations contradictoires de ces dernières jours, avaient pour but de ralentir ou de faire échouer ce rapprochement. Le plus étonnant (en apparence) est que ces tentatives viennent des anti-accords de deux côtés, aussi bien à Rome parmi ceux qui s’opposent à la ligne de Benoît XVI que des ultras de l’autre côté. À cette alliance objective s’ajoute les erreurs pratiques de certaines personnes en charge de ce dossier, notamment à Rome, et qui, entre susceptibilités et informations mal maîtrisées, ont finalement retardé, sans le vouloir, l’annonce d’une solution à une crise historique. On parle, en effet, désormais d’une nouvelle date, plus avancée dans le mois. Dans Le Figaro, Jean-Marie Guénois écrit, en effet, :
Le 25 avril prochain, les experts de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi vont en effet examiner les «clarifications» apportées dans ce courrier par Mgr Fellay qui lui avaient été demandées il y a un mois. Cet avis sera aussitôt transmis à Benoît XVI.
Face à ce retard à l’allumage de l’accord entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X, nous allons pour notre part sur SPO reprendre notre silence. En attendant l’annonce officielle.